Décidément, la Branche Famille se trouve au cœur de nombreuses tourmentes.

Soulignons d’abord les multiples efforts et adaptations – voire contorsions – consentis ces dernières années par l’ensemble des salariés, toutes missions et tous niveaux de responsabilités confondus, afin de consciencieusement assumer les réformes réglementaires et orientations nationales comme le RSA, la trimestrialité (RSA AAH), la dynamique de lutte contre la fraude, la modernisation interne pour sécuriser fonctionnements et qualité de service.

Ce ne fut pas et n’est encore pas simple au quotidien. C’est un euphémisme !

Et pourtant, 2016 s’est très rapidement annoncée comme une année « délicate » pour ce qui est du poids des activités.

Hélas, finalement … nous voici aujourd’hui bien loin de « courtoises indélicatesses »

Cela ressemble plutôt à une succession de lames de fond, phénomène en principe guère favorable à la population locale.

Premièrement, pour les rares qui l’ignoreraient toujours, 2016 c’est la « prime pour l’activité » (alias PPA) pour, accessoirement, un public en partie inconnu des CAF.

Les premières impressions du terrain et les mesures qualitatives de gestion de cette prime sont éloquentes : près d’une demande dématérialisée (simplification oblige !) sur deux donne lieu à régularisation postérieure, principalement pour divergence de situation entre celle transmise à la CAF et celle connue des impôts.

Bref, Monsieur ou Madame Lambda s’organise pour « améliorer » ses droits PPA ! Heureusement, existent des mesures correctrices mises en place par la CNAF, fortement réactive sur ce coup.

N’empêche, les environ 50% de dossiers avec régularisation, indu, recouvrement, suspicion de fraude ou passage en CRA … représentent des charges collatérales lourdes qui, ironie ultime, plomberont les indicateurs de gestion donc potentiellement l’intéressement ! Et ces charges « ricochet » ne sont pas comptabilisées dans la surcharge de travail PPA estimée ici ou là à 7% pour la phase de lancement.

Bref, Mesdames ou Messieurs les salarié(e)s CAF d’à peu près tous les services ont le droit d’absorber 14 journées de travail annuel supplémentaires, soit près de 5 jours pour le premier quadrimestre. Vu comme ça, le retard dans les paiements de prestations avoisinant les 8 jours fin avril n’est pas si dramatique, non ?

Deuxièmement, 2016, nous l’avons dénoncé voici quelques semaines, c’est également une coupe franche budgétaire variant de -1,17% à -5,11% pour la GA des organismes.

Ces baisses ne passent pas et de nombreux Conseils d’Administration locaux s’en offusquent auprès de la tutelle, en soutenant parallèlement l’action menée par les Administrateurs nationaux auprès du ministère.

Ne soyons cependant pas follement optimistes sur le prochain résultat des négociations avec une horde ministérielle qui oublie vertement l’essence d’un contrat synallagmatique, une COG avec ses engagements réciproques … par exemple et au hasard.

Allez oublions ! Et maintenant comme toujours, faisons le job qui nous revient en tant que managers gestionnaires : consolider les acquis … Doux rêve, semble-t-il !

Donc 2016/2017 réserve aux équipes une troisième vague qui ébranlera nécessairement la qualité de service et les délais de production. En espérant de faibles dommages collatéraux sur la santé au travail et l’ambiance interne, les organisations subiront de nouvelles frictions avec leurs lots de contraintes managériales pour des cadres déjà bien mis sous pression.

Les prochains mois seront l’occasion d’affiner la gestion de la PPA (encore elle !) avec la future PPA-AAH qui commencera à être liquidée en juin avec effet rétroactif à janvier et de potentielles régularisations avec de beaux indus sur 6 mois.

Bon d’accord, on pouvait s’y attendre … théoriquement.

En revanche, on s’attendait nettement moins – sinon pas du tout – aux mesures à sortir des tiroirs avant la fin d’année 2016, autant dire pour application quasiment immédiate. Cela porte sur les allocations logement :

suppression des AL étudiant si les parents payent l’ISF,
suppression ou plafonnement des AL si le loyer est disproportionné par rapport aux ressources connues,
prise en compte du patrimoine immobilier et mobilier dans les ressources, donc pour les AL.

Ces « ajustements » techniques obligeront à traiter des données aujourd’hui hors champ CAF, contraindront à de fins contrôles et estimations, déboucheront sur de nouvelles fraudes avec diverses contestations.

Que de déclarations complémentaires à exploiter, que de droits de communication à gérer !

Attendons toutefois les textes d’application pratique mais, en l’état, la Branche Famille ne saurait absorber ces changements sans dégrader soit ses indicateurs et services rendus, soit la qualité globale.

Par exemple, allez savoir qui a bien pu imaginer que les CAF puissent aisément confirmer l’évaluation déclarative d’un patrimoine immobilier !

La Branche Famille subit des effets démultiplicateurs PPA – réductions budgétaires – réformes AL qui causeront de vraies dégradations des conditions de travail.

Notre belle institution Sécurité sociale est extrêmement douée pour absorber les contraintes, grâce à la conscience professionnelle de chacun. Mais tout ceci devient de plus en plus inquiétant car la mécanique de régulation collective ne s’enquiquine pas trop des conséquences sur les individus pour lesquels la stratégie du « toujours plus » s’avère dans la durée … déraisonnable … jusqu’à ce que les individus forment eux-mêmes un collectif fort, au lieu de se disloquer les uns après les autres !

Ou pire : les uns contre les autres !!!