Depuis maintenant plus d’un an, le Haut-Commissaire à la Réforme des Retraites (HCRR) concerte les interlocuteurs sociaux sur le projet de mise en place d’un système universel de retraite.

Depuis le début, la Confédération s’est rendue à chaque invitation pour dire ses revendications et porter la contradiction sur un projet qu’elle ne veut pas voir aboutir.

Depuis le début, faisant bien la distinction entre concertation et négociation, la Confédération n’a en aucune manière cautionné la méthode, même si elle a reconnu que les rencontres se déroulaient dans une grande transparence de la part du HCRR.

Mais, depuis ce mois de Mars, la donne a changé : des membres du gouvernement, et pas des moindres, envisagent de repousser l’âge légal de départ en retraite ou d’accélérer l’augmentation de la durée d’activité, ce avant la réforme systémique !

En d’autres termes, non pas une réforme, mais deux !

À aucun moment dans les rencontres bilatérales il n’a été question de ces pistes, et pour cause, dans un système en points, ces deux notions ne signifient rien.

 

Il s’agit donc bien pour ce gouvernement de durcir les conditions de départ en retraite dès maintenant.

Au-delà du fond, que nous contestons bien sûr, la méthode est détestable et prouve le désarroi de ce gouvernement, dont certains membres n’hésitent pas à se déjuger publiquement.

Ainsi, lors du colloque organisé le 11 Mars par le Président de l’Assemblée Nationale, Madame la Ministre des solidarités et de la santé a qualifié de « bricolage » les réformes de ces 25 dernières années.

Quelques jours plus tard, elle a envisagé d’accélérer le « bricolage » puisqu’elle est devenue favorable à un allongement de la durée d’activité.

Pour notre organisation, et quelle que soit la justification, ou plus exactement le prétexte, ces pistes constituent un déni du contrat social qui préside au système de retraite par répartition.

C’est comme si les organisateurs d’un marathon décidaient dans les deux derniers kilomètres de reculer la ligne d’arrivée de plusieurs centaines de mètres.

Et pour revenir aux concertations avec le HCRR, lorsque nous pointons les contradictions contenues dans (feu ?) le projet, la réponse est politique : le Haut-Commissaire nous indique que la construction du système universel par points est faite pour redonner confiance aux jeunes générations dans la retraite par répartition.

La confiance ne se décrète pas, elle se construit ! Visiblement ce gouvernement ne le sait pas!

Philippe PIHET, Secrétaire confédéral FO en charge du secteur retraites et prévoyance sociale