La directrice de la Sécurité sociale, récemment interrogée par Espace Social Européen, a présenté sa feuille de route pour les COG 2018-2022. Entre vieilles lunes, éléments de langages ressassés et langue de bois, en voici quelques bonnes lignes décryptées.

Interrogée sur les moyens accordés aux caisses la réponse est double : « objectifs ambitieux en matière de qualité de service » et « demande forte d’optimisation des moyens pour que la gestion des organismes de Sécurité sociale continue de contribuer aux efforts de

redressement des comptes de la Sécurité sociale ». Faire toujours plus avec toujours moins reste la devise de ces

COG. Ayant rappelé que la loi de programmation des finances publiques a fixé comme objectif une baisse a minima de – 1,5 % par an sur les moyens de fonctionnement des organismes sociaux, les mêmes recettes sont citées pour parvenir à ces économies : « développement des téléservices et dématérialisation », « mutualisation des activités », etc. Derrière ces deux fameux leviers se cachent pour les organismes toujours plus de mutualisations induisant des réorganisations mais aussi des fermetures d’accueils pour les usagers voire de sites entiers, laissant toujours planer l’ombre de la remise en cause des caisses de plein exercice. L’autre levier qui n’a pas été cité sera, à n’en pas douter, une future RMPP à 0, laissant le soin aux organisations syndicales de négocier les chiffres derrière la virgule.

Abordant l’intégration du RSI, nous noterons que la DSS ne manque pas de signaler le point si positif de ces COG en indiquant que « les réseaux retraites et recouvrement verront ainsi leurs effectifs augmenter d’ici à 2022 ! » Qui a dit que les COG supprimaient toujours des postes ? Vous apprécierez ce raccourci.

Interrogée enfin sur les demandes permanentes d’économies, les non-remplacement de départs à la retraite ainsi que « des tensions managériales », la DSS voit trois leviers :

  • Tout d’abord la reconnaissance, ça ne coûte pas cher, surtout quand on n’envisage aucune augmentation de salaires malgré la baisse des effectifs et les charges de travail en augmentation. Cette reconnaissance de notre qualité de service s’exprime par l’»extension de périmètre du régime général ». L’exemple est donné pour le réseau ACOSS qui se chargera bientôt du recouvrement de la taxe d’apprentissage et des contributions formation à la place des Opca. Surcharge de travail répondrez-vous ? Mais souvenez-vous la COG vous donne des postes ! Rappelez-vous, ceux du RSI…
  • Le deuxième levier est formulé de manière gracieuse : « donner aux réseaux les moyens de se transformer pour accompagner les gains d’efficience ». Derrière cela le développement de l’informatique, des interfaces, etc.
  • Enfin le troisième levier envisage une reconnaissance pécuniaire comme moyen managérial « pour récompenser l’investissement des agents et accompagner leurs carrières ». Vous pensez à l’augmentation de la valeur du point ? A une RMPP suffisantes pour assurer les points de compétences ou les parcours professionnels ? Les « gains de productivité réalisés doivent revenir aux agents » via le « dispositif d’intéressement existant au sein de la Sécurité sociale ». Ce qui clôturera le débat rapidement à l’UCANSS sur nos revendications en matière de politique salariale.

L’article d’ESE : http://www.espace-social.com/donner-aux-reseaux-les-moyens-de-se-transformer-entretien-avec-mathilde-lignot-leloup/

Eric Gautron, Secrétaire national du SNFOCOS, https://twitter.com/EricGautron