« Le travail social mérite considération et valorisation » dixit notre Premier Ministre »
La CNAF a réaffirmé la place entière du travail social dans l’offre globale de service de la Branche. FO affirme également son attachement au travail social source de valeurs fondamentales d’humanisme et de solidarité.
Pourtant aujourd’hui le travail social CAF est en péril.
La redéfinition des orientations nationales en matière de travail social a induit une forte évolution des pratiques professionnelles. Le travail social a ainsi été positionné sur une logique préventive : on est ainsi passé d’une demande d’intervention des familles à une offre de service allant au-devant des familles ciblées comme public prioritaire par la CNAF. La prise en compte de ce public non demandeur repose sur la libre adhésion, l’allocataire peut ainsi refuser le contact ou l’aide.
Toutes les familles n’ont pas besoin de l’intervention d’un travailleur social pour faire valoir leurs droits ou surmonter leurs difficultés et le fait de proposer un rendez-vous suivi d’un appel téléphonique expliquant la plus-value de l’intervention du travailleur social permet d’avoir un taux de réponse signifiant des allocataires. Il s’agit de respecter le droit des familles de disposer d’elles-mêmes et de faire leur propre choix. Il semble donc difficile voire impossible de rencontrer toutes les familles.
Le travail social a pour mission dans le cadre des offres de service d’apporter une plus-value par sa capacité à prendre en charge des situations de vulnérabilités sociales et familiales. La vulnérabilité a un caractère momentané au contraire de la précarité dont l’état s’inscrit dans la durée. Il s’agit donc d’interroger la notion de besoins.
Si le travail social est dans le cadre des offres de service plus préventif que curatif , il n’est plus donc plus justifié dans le cadre des offres de service d’accompagner les familles sur une longue durée, une intervention ponctuelle correspond à des besoins temporaires.
C’est l’évaluation avec la famille qui va déterminer si elle a besoin d’une aide ponctuelle à court ou moyen terme ou si sa situation relève d’un accompagnement global et sur une plus longue durée.
L’accompagnement social est ainsi plus ou moins soutenu selon les besoins et actions à mener et de ce fait ces familles sont rencontrées une, deux, trois fois ou plus. Il est regrettable que l’outil mis en place par la CNAF n’intègre pas cette aide ponctuelle différente d’une information ou orientation.
A noter que la rencontre unique de l’allocataire permet une relation d’aide et d’écoute et dans le cadre des rendez-vous des droits de lutter contre le non recours, de résoudre des blocages administratifs, rétablir l’ensemble des droits, régler des situations complexes et l’interprétation des textes, demander des aides ou des prestations, permettre l’utilisation des services et équipements.
Selon le souhait de la famille la première intervention peut se prolonger et si les difficultés passagères deviennent chroniques et nécessitent des interventions plus lourdes.
Il est à noter certains freins à la mise en place d’accompagnements sociaux :
certaines familles redoutent une ingérence du TS dans leur vie quotidienne : travailler sur des objectifs de changement peut créer des attitudes défensives et certains allocataires s’enferment dans une logique d’évitement qui est un frein à la mise en place d’un accompagnement social ;
certains territoires n’offrent pas l’ensemble des ressources et services aux familles permettant d’apporter des réponses concrètes aux besoins et problèmes des familles ;
dans un contexte de crise économique et sociale durable, du fait d’une complexification des situations, le manque de moyen suffisant peut engendrer une absence de solution durable permettant d’améliorer la situation de certains de nos allocataires ;
le rejet des demandes d’aides financières : des accompagnements sociaux sont également réalisés dans le cadre des aides sur projet. Lors de la mise en place d’un accompagnement social une relation de confiance s’instaure. Lors du rejet de l’aide financière, le projet est remis en question par la famille qui avait l’espoir de pouvoir repartir sur de bonnes bases. La relation de confiance est remise en cause ainsi que les capacités à apporter une aide ;
il est également à noter qu’en ce qui concerne l’accompagnement social des familles monoparentales, si la CAF n’a pas la délégation du Conseil Départemental pour l’accompagnement social des bénéficiaires du RSA le nombre d’allocataires étant accompagnés dans le cadre de l’offre de service séparation est fortement réduit. A noter que l’accompagnement social des bénéficiaires du RSA a représenté 45% de la totalité des accompagnements sociaux réalisés par les CAF au titre du socle national (bilan 2010-2011 de la mise en oeuvre du socle national de travail social).
Dans la COG 2013-2017, l’ambition forte de la Branche est de toujours mieux accompagner toutes les familles. Elle a pour vocation d’accompagner l’ensemble des familles ayant des enfants dans toute leur diversité combinant le versement des prestations et la mise en oeuvre de dispositifs d’action familiale. Le service social CAF pourrait-il toujours accueillir toutes les familles qui le souhaitent ou contrairement aux ambitions affichées par la Branche prendre en charge uniquement les publics ciblés par la CNAF ?
Ainsi dans le cadre de l’offre de service séparation, une offre de service est réalisée au moment de la séparation et la famille peut être prise en charge par un travailleur social de la CAF dans l’année qui suit la séparation. De nombreuses études dont celles réalisées par la CNAF démontrent que les familles monoparentales sont davantage touchées par la précarité qui ne se limite bien souvent pas à l’année suivant la séparation. Que deviendront demain ces familles si elles ne rentrent pas dans « une case offre de service » pour leurs difficultés liées à la précarité, le logement, l’insertion sociale, l’insertion professionnelle, la fonction parentale qui font pourtant partie des missions des travailleurs sociaux ?
En ce qui concerne les bénéficiaires d’une offre de service il s’agit de faire attention à ne pas stigmatiser ces allocataires et de ne pas imaginer des besoins pour des personnes qui ne les expriment pas ou qui n’ont pas de besoins entrant dans le champ de compétence des travailleurs sociaux CAF. Dans le cadre de l’accueil social réalisé par les travailleurs sociaux, l’allocataire bénéficiaire d’une offre de service garde sa compétence fondamentale de demander une aide si il ou elle en a besoin.
Si le périmètre d’intervention se restreint avec un recentrage en terme de public prioritaire et qu’une une logique gestionnaire et chiffrée se met en place cela pourrait aboutir à une diminution du nombre de travailleurs sociaux et à terme mettre en péril le travail social dans les CAF.
Les aspects du travail social dont on ne peut rendre compte statistiquement sont privés de légitimité. Cela pourrait ainsi engendrer une modification des pratiques professionnelles au détriment de la relation d’aide inestimable et non mesurable au profit des résultats quantifiables.
Au niveau du partenariat : aucun travailleur social n’a la prétention de répondre seul à tous les besoins. Le travail de coopération est indispensable. Le travail en partenariat est une démarche qui se crée et s’adapte en permanence. Il apporte une plus-value à tous avec la volonté de réussir ensemble. Développer le partenariat est un axe de travail incontournable pour le service social des CAF. En effet la CAF ne peut agir seule et la qualité de réponse aux besoins et attentes des familles requiert une bonne connaissance du contexte local et une concertation des différents intervenants.
Afin de rendre nos missions plus lisibles à nos partenaires de nombreux échanges ont été réalisés et sont à poursuivre.
La mise en oeuvre de protocoles partenariaux permettrait une identification des missions, compétences et champ d’intervention de chacun au niveau des départements.
Aujourd’hui il s’agit d’exiger :
  • Le maintien d’un service social de qualité dans toutes les CAF en respectant les fondamentaux du travail social ;
  • le remplacement des congés maladie, maternité et des départs en retraite ;
  • la reconnaissance des qualifications pour les travailleurs sociaux qui sont exclus de tout parcours professionnel (niveau 6 pour les travailleurs et niveau 7 pour les cadres) ;
  • le maintien des services sociaux dans toutes les CAF.