Que révèle le projet de « Grande Sécu » ?

Serge Legagnoa : Ce projet de « Grande Sécu », porté par le ministre de la Santé, sera un des thèmes de la campagne présidentielle de l’exécutif. Mais personne ne peut dire ce qu’il recouvre dans le détail. Et aucun des éléments disponibles n’assure qu’il y aurait une amélioration de l’égalité d’accès aux mêmes soins pour tous. Pour cela, il faudrait des moyens financiers très conséquents. L’exact contraire se dessine : cette réforme s’inscrirait dans un contexte d’austérité budgétaire. C’est inquiétant, surtout s’il s’agit de mettre en place un système « universel », aux mains de l’État, qui supprimerait les cotisations au profit de l’impôt et d’un financement décidé chaque année par le Parlement.

Quelles seraient les conséquences d’une poursuite de l’étatisation de la gestion ?

Serge Legagnoa : Regardons les résultats des deux dernières décennies de « réformes » et de maîtrise des dépenses : notre système de santé est devenu instable dans ses financements, illisible. Le rôle de chacun est brouillé. L’étatisation, tant de l’Assurance maladie obligatoire que de l’Assurance maladie complémentaire, a mis celle-ci dans une position dénaturée : elle est devenue indispensable tout en étant corsetée dans ses offres. Pour quels résultats ? L’égalité d’accès aux mêmes soins pour tous n’est pas assurée. La dépense est mal répartie, difficile à supporter. Les hausses régulières de cotisations des assurances complémentaires, les inégalités de reste à charge et de couverture montrent l’impasse.

Que revendique la confédération ?

Serge Legagnoa : Force Ouvrière reste indéfectiblement attachée aux principes fondateurs de la Sécurité sociale. Ils l’ont instituée sur ce double système obligatoire et complémentaire, à l’origine à haute valeur de solidarité et d’égalité dans l’accès aux soins et dans le financement. Rester dans l’esprit des ordonnances de 1945, c’est redonner une juste place aux complémentaires. Pour cela, il faut maintenir des bases communes de remboursement entre assurance obligatoire et complémentaires, améliorer la prise en charge par l’assurance obligatoire dans les secteurs où elle est défaillante et ainsi redonner des marges de manœuvre à l’assurance complémentaire. Cela nécessite un financement stable, pérenne, de l’assurance obligatoire, par la cotisation.

Propos recueillis par Élie Hiesse

Dossier Sécurité sociale : les principes fondamentaux d’abord !