Plus des ¾ des cadres (78 %) consultent leurs communications professionnelles telles que leurs emails, sms ou appels pendant leur temps de loisirs, c’est-à-dire pendant les week-ends et les vacances.

Si ce score est stable (+ 1 point par rapport à la vague de 2016), l’intensité de ces consultations est en hausse. 37 % des personnes interrogées les consultent en effet « souvent », soit une progression de 6 points en un an (contre 41% « de temps en temps », – 5 points).

Les écarts les plus importants sont constatés sur le type de profession. Les professions libérales les consultent davantage (89%) que les cadres de la fonction publique (80%), eux-mêmes les consultants plus que les cadres d’entreprise (76%). Ce type de consultation croit avec les responsabilités d’encadrement pour culminer à 90 % chez les cadres encadrant plus de 10 personnes (contre 70% chez ceux n’exerçant pas de responsabilités d’encadrement). Enfin, cette consultation en dehors des périodes de travail s’élève à 86 % chez les cadres du secteur « Commerce et Transport ».

La recherche de réassurance associée à la difficulté de déléguer constitue la raison prioritaire de consultation de ses communications professionnelles pendant les périodes de loisirs.

Au sein des cadres concernés, une majorité (51%) consulte d’abord ses communications professionnelles pour s’assurer qu’il n’y a pas de problèmes en leur absence. C’est donc le motif le plus dépendant des autres salariés qui est le plus mis en avant. Il est possible de l’analyser comme une difficulté à déléguer pendant leur absence, que ce soit à des personnes qu’ils encadrent ou à des collègues, le score de cette dimension étant identique selon l’exercice ou non de responsabilités d’encadrement.

Vient ensuite un enjeu d’organisation à travers le souhait de ne pas être débordé à son retour (31% citent cette raison en premier). Ce motif de planification est davantage cité par les cadres de la fonction publique (37%). La volonté de ne pas manquer d’éventuelles opportunités professionnelles est nettement moins citée (11%). Enfin, le souhait d’éviter des conflits potentiels est marginal que ce soit les remarques d’un supérieur hiérarchique (5%) ou celles d’un collègue (2%).

La possibilité d’un accès permanent et simplifié aux outils de communication professionnelle est vécue de manière anxiogène.

Cet accès aux communications professionnelles pendant leurs congés et leurs week-ends est désormais considéré comme un facteur de stress par une majorité de cadres (51%, +3 points). Au global, les conséquences sont négatives pour 80% des personnes interrogées, 29% pointant dans le même temps des dommages collatéraux, évoquant « une source d’agacement pour les proches ». Cette dernière dimension est plus prégnante chez les professions libérales (44%). Elle est toutefois en baisse de 5 points, les cadres prenant de plus en plus sur eux cette situation anxiogène. A l’opposé, seul un cadre sur cinq (20%, + 2 points) estime que l’accès à ces outils est source d’apaisement pour le salarié.

Or, les perspectives de faire redescendre ce niveau de pression ne sont pas encourageantes.

La reconnaissance officielle du droit à la déconnexion (loi travail du 8 août 2016) constitue un levier de premier plan pour limiter cette situation de stress. Mais dans la réalité, une majorité de cadres (52%) affirme que son entreprise ne s’est pas engagée dans l’application du droit à la déconnexion. Cette proportion s’élève à 63 % dans les entreprises de moins de 50 salariés. Parmi les 48 % qui estiment au contraire que leur entreprise s’est engagée dans l’application de ce droit, seuls 21 % déclarent que leur entreprise a déjà mis en place des mesures concrètes, 27 % affirmant que si leur entreprise s’est engagée, cela ne s’est pas encore traduit par des mesures concrètes.

L’usage professionnel des nouvelles technologies est de plus en plus perçu favorablement lorsque celles-ci sont utilisées pendant le temps de travail.

Autant l’accès à ces outils dans une optique professionnelle est perçu comme une source de stress, autant leur utilisation dans le cadre du temps de travail a un impact positif sur la qualité de vie au travail. 64% des cadres considèrent en effet qu’elles permettent d’améliorer la qualité de vie au travail soit une hausse de 4 points sur un an. Plus la taille de l’entreprise est réduite, plus cette perception d’un impact bénéfique est partagée, de 60 % pour les entreprises de 1 000 salariés et plus à 73% pour les entreprises de 1 à 19 salariés.

Ce n’est donc pas le principe d’un usage des nouvelles technologies dans l’environnement professionnel qui est remis en question mais le fait qu’elles contribuent à rendre poreuse la frontière séparant vie privée et vie professionnelle.