FO-Cadres a été à l’initiative, avec les affiliés français d’Eurocadres, d’une journée dédiée au sujet « La numérisation : quel impact pour les cadres ? » le 14 octobre dernier (que nous vous annoncions dans la lettre de la Michodière LM29-2016).
A cette occasion, FO-Cadres a souligné le caractère ambivalent du numérique qui ouvre de réelles opportunités dans de nombreux secteurs d’activités tout en faisant peser de réelles menaces sur la protection de nos emplois et de nos vies privées. Il s’est agi également de rappeler la vigilance qui s’impose quant aux incidences que l’utilisation intensive des technologies de l’information et de la communication induit pour les cadres, tant dans la sphère privée que la sphère professionnelle de leur vie.
Lors de sa prise de parole, Eric Pérès, secrétaire général de FO-Cadres, a rappelé la nécessité de peser syndicalement sur ces évolutions pour les orienter en faveur de l’emploi et de l’innovation sans perdre de vue la poursuite du progrès social et humain. Sans contrepoids la révolution numérique, qui s’accompagne d’une automatisation du travail intellectuel comme d’autres révolutions industrielles ont automatisé le travail manuel, amplifiera la destruction des emplois.
Si nous voulons tirer le meilleur parti du numérique il nous faut refuser le déterminisme technologique et ne pas réduire la révolution numérique à la seule poursuite d’une réduction des coûts et d’une productivité intensive.
Pour FO-Cadres l’évocation de la formation comme facteur d’inclusion dans une société en pleine mutation n’est pas suffisante. Elle doit s’accompagner d’une réflexion de fond autour des finalités poursuivies et des publics visés. La formation, initiale et continue, doit préparer aux métiers émergents et accompagner les transitions professionnelles. Cela passe par la promotion de la formation aux enjeux du numérique traitée de manière transversale afin qu’elle irrigue l’ensemble des disciplines académiques notamment dans l’enseignement supérieur.
La formation doit également être le fer de lance de la recherche et de l’innovation pour tirer profit des opportunités économiques liées au numérique. Une meilleure connaissance technique est indispensable à une orientation dirigée du développement numérique. Si nous ne sommes pas en mesure d’inventer et d’innover dans ce domaine, nous ne pourrons pas non plus bénéficier directement des avancées qui en résulteront, ni encadrer la place qu’elles occuperont dans la vie quotidienne des travailleurs.
Au sein des entreprises, elle doit permettre d’accompagner la montée en compétence des salariés en général et des cadres en particulier dans le domaine de la politique de gestion et de sécurité des données. En effet, les salariés notamment cadres, ne doivent pas pâtir ni encourir les risques liés au vol ou à la perte de ces données.
Un volet dédié spécifiquement à la protection des données à caractère personnel doit être développé pour accompagner les entreprises dans la mise en oeuvre du nouveau cadre règlementaire européen. Sur ce point FO-Cadres a rappelé son attachement à faire de la protection des données à caractère personnel un axe de différenciation compétitif. FO-Cadres revendique un véritable droit à l’autodétermination informationnel des cadres et ingénieurs pour qu’ils restent décisionnaires quant aux choix relatifs à leur engagement professionnel.
Enfin la formation doit aider les cadres d’une part, à appréhender les incidences du numérique sur le management des équipes et d’autre part, à retrouver des marges de manoeuvre dans la prise de décision notamment face à la montée en puissance des algorithmes. Ceux-ci ne doivent pas prendre une place excessive dans l’organisation du travail justifiée par une meilleure efficacité parfois supposée. L’équilibre entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine doit être arbitré par la considération des travailleurs et non par la seule visée productiviste.
Dans le prolongement de cette journée, FO-Cadres s’est investie, avec les affiliés français d’Eurocadres, dans la rédaction d’une déclaration commune au sujet des cadres et du numérique. L’enjeu de ces évolutions l’incite à maintenir sa vigilance quant aux conditions nouvelles de travail qu’elles induisent mais également à veiller en amont pour la mise en place d’un cadre adapté aux nouvelles technologies et aux salariés qui les utilisent.