La RPN salaires s’est tenue ce lundi 13 décembre 2021 et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a probablement autant surpris que déçue les participants et les manifestants qui ont bravé le froid pour se regrouper et donner de la voix devant l’UCANSS durant 3 heures.
La RPN a été une surprise dans son contenu car le Directeur de l’UCANSS a informé les organisations syndicales qu’une enveloppe exceptionnelle avait été obtenue de la tutelle, portant la RMPP pour 2022 de 1,5 à 1,88%.
Toutefois, le soufflé est vite tombé. D’abord, parce que ce coup de pouce ne représente que 20M d’euros, bien loin des millions et milliards débloqués par l’Etat pour la Fonction publique hospitalière par exemple. Ensuite, douche froide est venue de l’annonce des « points d’attention » du COMEX quant à l’utilisation des fonds :
1° – comme lors des exercices précédents, et malgré la demande unanime des organisations syndicales, le COMEX ne veut pas de mesure générale. Le COMEX préfère ce qu’il appelle des « mesures ciblées », un choix qui imprègne l’ensemble des postures du COMEX qui veut donc de nouveau laisser (en apparence du moins) la main aux organismes locaux pour l’octroi de mesures individuelles. Alors que les organisations syndicales ne disent pas autre chose que ce que dit le personnel dans le BSI (à savoir que les mesures individuelles sont rejetées par le personnel), et alors que l’inflation frappe 100% du personnel, le COMEX joue avec les chiffres en nous expliquant que la progression des rémunérations ne peut pas se résumer à la seule augmentation de la valeur du point. Et d’ajouter que la masse salariale a augmenté de 1,5%/an que plus d’un salarié sur 3 est attributaire de mesures individuelles et que plus de 7 sur 10 bénéficient d’une augmentation annuelle via les points d’expérience (2 points d’ancienneté) …à croire que cela pourrait suffire à nous faire oublier la majorité qui ne bénéficie d’aucune mesure individuelle et dont le pouvoir d’achat diminue, même en obtenant 2 points d’ancienneté/an ;
2° – s’inspirant partiellement de son projet avorté de nouvelle classification, le COMEX a pensé aux salariés qui sont au plafond de leur plage d’évolution salariale (ou à moins de 2 pas de compétence de celui-ci). Pour ces quelques milliers de salariés, le COMEX avance une mesure de niche : relever les plafonds de l’ensemble des niveaux et des grilles de rémunération à hauteur d’un ou deux pas de compétences. Avec cette mesure de niche, l’employeur veut nous faire oublier qu’il est à l’origine du plafonnement des niveaux et de l’absence d’évolution professionnelle ;
3° – s’inspirant de la fonction publique, le COMEX souhaiterait mettre en place une mesure de revalorisation des salaires les plus proches du SMIC. L’idée serait de cibler les salariés dont la rémunération (mensuelle ? annuelle ?) se situe jusqu’à 15% au dessus du SMIC (essentiellement les N1 et N2, et probablement des N3) pour leur accorder un nombre dégressif de points (plus la rémunération sera proche du SMIC, plus le salarié percevra). Outre que pour le SNFOCOS, et l’ensemble des organisations syndicales, cette mesure revient à tasser les rémunérations du personnel sans répondre au vrai problème de rémunération qui pèse sur l’ensemble du personnel, elle a été froidement accueillie car elle consommerait l’essentiel des 0,38 points de RMPP supplémentaires (15ME sur les 20ME) ;
4° – enfin, parce que le COMEX préfère recycler ses idées que d’écouter les organisations syndicales et le personnel (dont les agents de direction), il veut flécher une partie de la RMPP complémentaire sur 2 dispositifs de niche qu’il portait déjà dans son projet de classification : une prime pour les formateurs occasionnels et une prime de mobilité à iso-niveau.
Finalement, cela ressemble au scénario connu lors de la transposition des mesures issues du Ségur de la Santé aux personnels des UGECAM : une enveloppe fermée et/ou une liste fermée de bénéficiaires, des mesurettes qui semblent constituer un effort au niveau macroéconomique via l’annonce de gros montants mais qui au niveau microéconomique (le salarié) ne constituent qu’un cache misère. Et comme pour le Ségur (et à un autre niveau pour la classification), l’employeur met surtout en avant les millions promis par l’Etat pour forcer la main aux organisations syndicales : les organisations syndicales devraient valider ce qui est proposé et dire merci au lieu d’en demander davantage car « un tiens vaut mieux que deux tu n’auras rien » …et il est là le coup de bluff !
A l’instar des primes MACRON, des primes Tracing, de la récente Prime CASTEX de 100E, du Ségur de la Santé, la tutelle décide de vider encore davantage de sa substance la négociation salariale annuelle en instituant des mesurettes. Ciblées sur une portion du personnel, elles ajoutent de la division parmi le personnel, tassent les salaires (et en cela vont contribuer à démotiver le personnel) et ne constituent ni des mesures salariales pérennes ni des mesures générales favorisant le pouvoir d’achat.
Le SNFOCOS, pour la défense du pouvoir d’achat de l’ensemble du personnel, continue de revendiquer une revalorisation significative et immédiate de la valeur du point.
Chafik EL AOUGRI, Secrétaire National du SNFOCOS en charge des affaires juridiques, de la formation professionnelle et de l’assurance santé complémentaire