En France, environ 11 millions de personnes viennent régulièrement en aide à un proche en perte d’autonomie ou handicapé, à titre non professionnel. Derrière la notion de proches aidants [*] se trouve une multitude de profils hétérogènes en fonction de la situation professionnelle (six aidants sur dix exercent une activité professionnelle), du genre (une majorité d’aidants sont des femmes), de l’âge (l’âge moyen d’entrée dans l’aidance est de 39 ans), ou encore du type d’aide apportée (aide aux soins, soutien psychologique…).
Un sujet incontournable à l’heure du tournant démographique
Si les proches aidants sont souvent dans l’ombre (seul un aidant sur quatre a informé son employeur de sa situation d’aidance), nombre d’études ont, ces dernières années, pointé les écueils auxquels ils sont confrontés : parcours du combattant pour obtenir des aides, difficultés à concilier vie professionnelle et aidance, incidences sur la carrière, renoncement aux soins faute de temps. En outre, les périodes de confinement ont accentué les charges pesant sur nombre d’aidants. La question des proches aidants s’inscrit comme un sujet incontournable avec le vieillissement de la population et le tournant démographique de 2030. Selon les estimations, un salarié sur quatre sera aidant à cette date, d’où la nécessité d’améliorer leurs droits.
Des droits encore restrictifs et méconnus
Parmi les droits figure le congé de proche aidant. Peu utilisé car méconnu, faiblement indemnisé et soumis à des conditions d’accès restrictives, le dispositif a été assoupli (la condition de perte d’autonomie d’une particulière gravité ne sera plus nécessaire) et son indemnisation revue à la hausse (alignement sur le Smic) avec la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022. D’autres droits existent au profit des proches aidants, mais ils restent restrictifs (majoration de trimestres pour la retraite…) et peu effectifs (droit au répit). Depuis 2019, une obligation de négocier sur ce thème existe au niveau de la branche, ouvrant aux interlocuteurs sociaux la possibilité d’améliorer les droits des proches aidants (aménagement du temps de travail, plateformes de services…), mais peu d’accords ont été conclus.
Enfin, le renforcement des droits des proches aidants ne doit pas faire oublier la nécessité de recruter de nombreux aidants professionnels au service des personnes en perte d’autonomie et l’urgence de renforcer l’attractivité de ces métiers.