Élisabeth Borne, interpellée à l’Assemblée nationale, tente d’atténuer la polémique sur l’impact de la réforme des retraites sur les femmes, assurant qu’elle allait « réduire » les inégalités avec les hommes : « Les femmes seront les premières bénéficiaires de la revalorisation des petites pensions ».
La ministre parle ici des pensions qui sont sous le seuil de pauvreté, car elles sont en grande majorité à destination des femmes. Ce n’est pas au bout du chemin de la carrière qu’il faut garantir 60% du salaire médian, une fois à la retraite, mais tout le long de son parcours par une évolution significative des salaires. Avec ce niveau de vie minimaliste, vous arbitrez entre manger ou se chauffer et vous renoncez à tout le reste.
La pension des hommes est supérieure de 67% à celle des femmes qui partent en moyenne un an plus tard à la retraite.
Le gouvernement tente de mettre en avant quelques bénéfices pour peu d’entre elles comme la prise en compte du congé parental qui permettra à 3000 femmes de partir avant quand 400 000 partiront deux ans plus tard.
Si les femmes ont des pensions plus faibles c’est déjà une conséquence des inégalités dans l’emploi et dans le salaire comparé qui se répercute dans l’inégalité à la retraite.
La France est au 25e rang sur 38 des pays de l’OCDE au niveau du taux d’emploi des femmes, inférieur de 10 points à celui des hommes.
Pénaliser les entreprises sujettes à l’inégalité salariale F/H, supprimer les décotes pour les femmes aux carrières incomplètes et contraindre les entreprises qui bénéficient d’exonérations de cotisations et de charges à augmenter le taux d’emploi des femmes et celui des plus de 55 ans, telles sont les réelles alternatives à la réforme, ce qui réglerait le niveau de vie des actifs et augmenterait les recettes.
Au lieu de cela, l’effort repose sur les actifs seniors et ne touche pas à la libéralisation du travail, au manque de moyens de prévention et de réparation des branches qui cassent le plus les travailleurs.
Les projections des déficits jusqu’en 2070 se sont faites avec un taux d’emploi des seniors de 55 ans de 40%, des écarts de salaire de 25% F/H et un taux d’emploi des femmes de 80% contre 90% pour les hommes.
Quand nous parlons d’alternatives, ce n’est pas d’un modèle économique ou d’un équilibre budgétaire pour un autre, mais plutôt de justice et d’égalité.
Reculer l’âge de départ et rallonger la durée de cotisation ne sont donc qu’un réglage paramétrique budgétaire injuste et injustifié pour réformer notre système de retraite.
Bruno Gasparini, Secrétaire Général du SNFOCOS