L’édition 2025 du baromètre de l’absentéisme, publiée par le cabinet de conseil WTW, dresse un constat préoccupant pour le secteur privé en France. Loin d’être un simple indicateur social, la hausse continue de l’absentéisme en 2024 révèle des tensions structurelles profondes et représente un fardeau économique majeur pour les entreprises.

Les chiffres clés et tendances de fond

L’étude, menée sur près de 432 000 salariés, met en évidence plusieurs phénomènes marquants :

  • Un taux en hausse : Le taux d’absentéisme a atteint 5,1% en 2024, confirmant une tendance à la hausse.
  • Des arrêts plus longs : contrairement aux années précédentes, la nature de l’absentéisme évolue. Si la fréquence des arrêts diminue, leur durée moyenne augmente, signalant des problèmes de santé plus profonds et des récupérations plus lentes.
  • La prédominance des risques psychosociaux : Les risques psychosociaux (RPS) s’installent comme la première cause des arrêts de longue durée, soulignant un malaise croissant lié aux conditions et à l’organisation du travail.

Un fardeau économique conséquent

L’impact financier de l’absentéisme est colossal, estimé à plus de 120 milliards d’euros par an pour les entreprises françaises. Ce coût se décompose en :

  • Coûts directs : Maintien de salaire, prestations de prévoyance et indemnités journalières.
  • Coûts indirects : Désorganisation des équipes, perte de productivité, surcharge de travail pour les salariés présents et dégradation de l’image de marque de l’employeur.

Cette pression financière est accentuée par une réforme entrée en vigueur en avril 2025, qui plafonne les indemnités journalières de la Sécurité Sociale (IJSS) à 1,4 SMIC. Ce transfert de charge vers les entreprises et les assureurs pourrait logiquement entraîner une hausse des taux de cotisation des régimes de prévoyance.

Le virage stratégique vers la prévention

Face à cette situation, les employeurs semblent opérer un changement de paradigme. La stratégie évolue d’une approche curative, qui traite les arrêts une fois survenus, vers une approche préventive, intégrée à la stratégie RH. Depuis la pandémie, le bien-être des salariés est de plus en plus perçu comme un levier de performance économique directe.

Un exemple concret illustre l’efficacité de cette démarche : dans le secteur de la construction, traditionnellement affecté par un fort absentéisme, une politique active de prévention (modernisation des équipements, mise en place de référents sécurité, formations) a permis de ramener le taux d’absentéisme à 4,2% en 2024, un chiffre inférieur à la moyenne nationale, malgré la persistance des risques inhérents au métier.

Un appel à repenser le travail

Comme le souligne Noémie Marciano, Directrice de l’activité Assurance de personnes chez WTW en France, cette hausse de l’absentéisme est un « signal d’alarme » qui transcende les générations, les secteurs et les niveaux hiérarchiques. Elle met en lumière un besoin urgent de repenser l’organisation du travail, d’écouter les salariés et d’investir durablement dans la prévention et la qualité de vie au travail . L’enjeu n’est plus seulement de gérer les absences, mais de créer des environnements de travail qui favorisent l’engagement et préservent durablement la santé des collaborateurs.

Sources :
Baromètre de l’absentéisme privé 2025 – WTW https://www.wtwco.com/fr-fr/news/2025/09/hausse-del-absenteisme-en-2024-un-signal-dalerte-pour-les-entreprises