Fiers et fatigués 

La crise sanitaire a montré le caractère indispensable de la Sécurité sociale et le rôle crucial de ses agents pour soutenir le système de santé, être aux côtés des assurés, des professionnels de santé et des employeurs.

Nous avons su nous adapter, rendre le service, absorber de nouvelles missions pour tenter de ralentir l’épidémie et permettre à tous de se soigner. C’est un motif d’immense fierté et même si nous sommes fatigués, la perspective d’une vaccination de masse nous donnait une lueur d’espoir.

Inquiets

Nous pouvons l’être :  pour l’Etat, 2020 ait marqué une nouvelle étape  dans une étatisation masquée ( ?)  des finances sociales.

Confinement ? Fermetures des écoles ? C’est l’assurance maladie qui finance les gardes d’enfants

Fermeture des cabinets médicaux ? C’est l’assurance maladie qui soutient les professionnels de santé en leur versant des « avances » dont la récupération est fort incertaine.

Difficultés financières des établissements de santé ? C’est l’assurance maladie que assure la trésorerie et garantit le financement. Et voilà que s’annonce la reprise de la dette hospitalière pour 2021.

Besoin de ressources pour le tracing, le retrotracing et maintenant le suivi de la vaccination, l’accompagnement des personnes isolées ? Ce sont les agents de l’assurance maladie qui sont sollicités, en plus de leur métier, au milieu d’un océan d’instructions contradictoires- pardon , fluctuantes. Le lien avec la santé se comprend. La santé publique, c’est le rôle de l’Etat et ce n’est pas contestable ni contesté. Mais l’Etat considère désormais que le budget et le personnel de l’assurance maladie au même niveau qu’un budget et des personnels de ministère. Toutes les décisions sont prises au ministère et l’assurance maladie exécute. Pendant ce temps, l’Etat décide aussi des recettes nous sont affectées, à grand renfort d’exonérations diverses.

Et si le professionnalisme de nos agents est reconnu, ils sont soumis- en plus strict- à une cure d’austérité permanente. Pas d’argent en perspective ni de possibilité de remplacer les compétences qui partent à hauteur des besoins. Des CDD, recrutés en urgence vont pouvoir être CDIsés pour permettre aux agents déjà CDI de retourner à leur métier nous dit-on. Mais avec des contrats de travail différents pour inclure par exemple le travail du samedi-dimanche. Le statut de ces « CDI » si particuliers sera donc différent de la norme : une nouvelle catégorie juridique le CDI contact tracing ? Depuis quand recrute-t-on des CDI pour une mission temporaire ? C’est vrai qu’on devra les rendre dans la prochaine COG. C’est déjà annoncé. Vu le temps passé sur les opérations de recrutement (1 semaine) c’est sûr que nous avons pris soin de recruter des personnes dont le profil correspond aux besoins de nos organismes.

Qui paiera la note ?

Les salariés : cotisations, impôts, déremboursements et ils vieilliront au travail, avec tous les problèmes de santé qui vont avec.

Les employeurs : les exonérations ne masquent pas que si l’assureur va moins bien, leurs salariés iront aussi moins bien ni qu’ils auront de moins en moins d’interlocuteurs en cas de problèmes.

Les professionnels de santé, qui soigneront de plus en plus en fonction de ce qui est remboursé…et de ce que les patients pourront payer.

Les agents de la sécurité sociale, indispensables, professionnels, de moins en moins nombreux, sans avenir de rémunération, et qui devront compenser le déficit record de l’assurance maladie.

Combatifs

Il va falloir l’être, pour qu’au-delà des reconnaissances morales, l’assurance maladie se dote de véritables ambitions concrètes pour tout son réseau, pour que nos SDRH ne soient pas que des mots vidés de leur sens par RMPP et ETPMA : GPEC, QVT, politique de rémunération, plan de recrutement…et  que l’assurance maladie se dote d’un avenir différent d’être le responsable du tiroir-caisse d’un ministère décisionnaire, sans responsabilité associé.

Cécile Dolomie, Secrétaire Nationale en charge de la Branche Maladie