Le journal 60 millions de consommateurs a testé en réel avec 1500 appels les plateformes téléphoniques des CAF, des CPAM et des CARSAT avec la Défenseure des droits. Ils alertent officiellement le public et le gouvernement.
Le résultat est à la hauteur des alertes permanentes des cadres et directions locales de caisses depuis plusieurs années : un désastre encore renforcé pour ceux qui sont à l’écart de la compréhension des outils informatiques, de la langue française ou de notre modèle administratif. Bref, les plus fragiles qui ont le plus besoin de leurs allocations logements ou de leurs indemnités journalières ou de leur retraite ne trouvent pas de réponse de leurs caisses de sécu.
Les caisses nationales nous invitent à Dé Ma Té Ria Li Ser : c’est le graal ! l’Alpha et l’Oméga de leurs politiques sociales. Elles nous invitent à regarder positivement les actions réalisées et l’entrée dans le monde moderne. Donc regardons dans le détail : 72% des appels n’ont pas abouti et nos plateformes téléphoniques ont donné seulement 5% de réponse « précises et conformes à l’attendu ».
Les caisses nationales communiquent en réponse : c’est la faute au covid, les bénéficiaires appellent deux fois plus. Comme c’est étrange, on n’entend plus parler des revalorisations des premiers de cordée au service des autres.
Après étonnez-vous de réactions de colère et de rejets de la population, de la démotivation des personnels des caisses qui voient les collègues de plateforme en sous effectifs et bas salaires, de plus en plus en contrats courts, mal formés, peu incités à rester. Vous me direz cela vaut aussi pour les agents qui traitent les allocations, les indemnités journalières ou les retraites.
Et les cadres des équipes ? Ils ont l’impression permanente de courir à contre-courant d’un tapis roulant de mails, de reportings, de changements permanents mal construits, d’injonctions contradictoires, d’outils défaillants et de ressources humaines en déshérence.
Bravo pour « nos dirigeants blancs parisiens de plus de 50 ans » : non seulement vous mettez systématiquement les employées de la Sécurité sociale femmes de banlieue et de province sous tension de surcharge de travail et faibles salaires, mais vous ôtez ce qui fait la fierté de leur métier : servir les autres. Non seulement vous ne donnez pas les moyens de traiter les APL, les IJ ou les retraites, mais les caisses de sécu ne répondent plus aux plus fragiles ce qui est leur vocation première de solidarité. Et vous faites de beaux discours demandant aux cadres de mo-ti-ver leurs équipes ?
La réalité c’est que les caisses nationales nous font mal au service public et nous font honte à nous cadres dont le faible salaire est jusqu’à maintenant compensé par notre sens du devoir. Va-t-il y avoir une prise de conscience ? Une cassure ? Un sentiment de démotivation, de « quitting » ?
En tout cas nombreux sont ceux qui ressentent la honte de cette situation sans fin qui commence à s’apparenter à la lente descente aux enfers des hôpitaux.
Seul espoir : indignez-vous comme l’écrivait Stéphane Hessel ! Choisissez les combats que vous pouvez embrasser ! Regroupez-vous syndicalement et agissez chacun à votre niveau ! Et vous pouvez commencer par vous mobiliser contre la réforme injuste des retraites.