L’Apec (Association pour l’emploi des cadres) a fêté son 50e anniversaire par un colloque au Cese le 1er décembre autour du thème « Cadres, enjeux et mutations pour demain », donnant ainsi l’occasion de faire le point sur la situation et les attentes de cette catégorie de salariés.
Qu’est-ce qu’un cadre ?
En réalité, il n’existe pas actuellement de définition claire et arrêtée.
Aujourd’hui, un cadre n’encadre pas forcément. Il peut être expert mais ne pas animer une équipe, ou animer une équipe sans être membre de la hiérarchie. Il y a les cadres supérieurs et dirigeants (les DRH), les cadres intermédiaires et les cadres opérationnels… D’ailleurs, selon l’Agirc (Association générale des institutions de retraite des cadres), si la population cadre a augmenté de 43 % entre 1998 et 2013, cela s’est notamment fait au profit des cadres experts ou organisateurs n’exerçant pas de commandement sur d’autres salariés.
L’Insee parle de cadres et professions intellectuelles supérieures, et recense ainsi 4 millions d’individus, salariés ou non (professions libérales par exemple), dépendant du secteur privé ou du secteur public (comme les salariés relevant de la catégorie A de la fonction publique).
Et si la notion de cadre est souvent utilisée dans la négociation collective, différentes conventions collectives de branche concourant à définir ce qu’est un cadre comparativement aux autres catégories de salariés, son statut reste à négocier au niveau interprofessionnel.
Ce qui fait un cadre n’est pas seulement son adhésion à l’Agirc.
Une revendication que Jean-Claude Mailly a réaffirmée à l’occasion des 50 ans de l’Apec : Les cadres sont des salariés comme les autres avec des conditions de travail particulières qui nécessitent des dispositions particulières, ce qui fait un cadre n’est pas seulement son adhésion à l’Agirc.
Pour Éric Peres, secrétaire général de FO Cadres, toutes les tâches, les responsabilités, celles liées au management, celles liées à l’expertise, doivent être identifiées et il existe des faisceaux d’indices pour le faire. […]
Revendiquer un statut pour les cadres, ce n’est pas revendiquer un titre de noblesse mais c’est dire à l’entreprise : oui, il existe des fonctions précises qui méritent une reconnaissance et la rémunération qui va avec. Il faut recréer le lien entre contribution et rétribution, qui est loin d’être systématique de nos jours.
Cette revendication fait écho à l’attente de la majorité des cadres, a révélé une enquête réalisée par l’IRES en 2016, à la demande de FO Cadres et avec le concours de l’Apec. Par-delà la diversité de leurs situations, si un peu plus de la moitié des 2 620 cadres interrogés constatent une banalisation de leur statut, les trois quarts y sont attachés et refusent d’y renoncer.
Voir ici également l’Etude APEC publiée dans le cadre de son 50ème anniversaire et du colloque du 1er décembre dernier Cadres et Entreprises : regards croisés sur la transformation du rôle des cadres, qui a pour objectif d’établir un diagnostic de la perception de la transformation des organisations et son impact sur le rôle des cadres au sein des entreprises.
Quelques enseignements de cette Etude :
Transformation numérique : une réalité et de nouvelles pratiques
Réalisée ou en cours pour une majorité de cadres et de RH, la transformation numérique produit des effets perceptibles sur le quotidien professionnel des cadres. Loin de se résumer à la diffusion et à l’usage d’outils numériques, l’expérience de la transformation est également celle de nouvelles méthodes et pratiques d’organisation, de collaboration et de formation.
La transformation numérique suscite plus d’envie que d’inquiétude
Les cadres font le pari d’une transformation au bénéfice de leur entreprise et de leur quotidien professionnel. La mutation est pour eux synonyme et promesse d’efficacité, de surcroît de liberté par rapport aux contraintes de temps et de lieu, de créativité encouragée et de temps travaillé recentré sur la valeur ajoutée. Bien que minoritaires, la transformation cristallise également des difficultés et des craintes. Ils décrivent une déshumanisation des relations, une inflation des processus et une injonction à l’immédiateté.
Le rôle des cadres en recomposition dans des organisations en transformation
Encadrement, autonomie, expertise, organisation, mobilisation, transmission et prise de décision restent des marqueurs forts du rôle des cadres dans l’entreprise, quel que soit son mode d’organisation. À ces fonctions et missions dont l’importance pour les organisations est réaffirmée, la transformation en cours ajoute un impératif d’adaptabilité. La nécessité de la polyvalence et l’apprentissage de nouveaux équilibres sont les principaux défis identifiés. Cadres et RH dressent donc un portrait commun du rôle des cadres et un diagnostic similaire des défis à relever. À une nuance près : les cadres sous-estiment les attentes des RH sur leur rôle d’intra-preneur et d’ambassadeur de la marque.