L’UCANSS semble avoir délivré l’essentiel du projet de nouvelle classification porté par le COMEX et c’est inquiétant.

Les emplois repères : la consécration d’une hiérarchie des emplois…

Désormais, nous savons que pour l’employeur, il existe une hiérarchie des emplois :

  • Au sommet, les emplois repères. Au sein de cette noble caste, quelques dizaines d’emplois seulement, un parti pris assumé par l’employeur. Pour « apaiser » les organisations syndicales, il a organisé des groupes de travail qui n’en avait que le nom puisqu’il s’est agi de réunions au cours desquelles les caisses nationales ont cherché à justifier le choix des emplois et de la pesée. La mise à l’écart de la CPNEFP interroge sur le rôle réel de cette instance qui avait pourtant déjà travaillé par le passé sur le sujet ;
  • Au milieu, nous avons des « sous emplois repères ». Officiellement, l’absence de pratiques communes entre les branches ne permettait pas de les identifier. En fait, ce sont les métiers qui n’ont pas été jugés suffisamment nobles pour être repérés, mais pour lesquels il n’est pas envisageable de laisser la main aux directeurs locaux ;
  • Au bas de l’échelle, les emplois non repérés laissés à la main des directeurs locaux. Ils vont représenter 20% des emplois que l’UCANSS ne connait pas, ou ne veut pas reconnaitre puisque l’UCANSS et les Caisses Nationales se sont accordées pour ne pas en faire des emplois repères. Faut-il comprendre que les chargés de mission, les chargés d’études ou les fondés de pouvoir sont des métiers inconnus ?

Illustration avec les métiers dits d’analyse et de conseil juridique :

  • Les emplois nobles sont ceux de conseiller juridique (605 salariés) et d’audiencier (275 salariés). Pour autant, leur positionnement est en soit une déconsidération flagrante et va entretenir la pénurie de juristes au sein de l’institution. Le titulaire d’un Master en droit, occupant un emploi d’audiencier bénéficie d’une expertise (non négligeable et attestée par un diplôme) et d’une autonomie réelle mais ne mériterait qu’un positionnement au niveau E ?
  • Les « sous emplois » sont notamment les rédacteurs juridiques (un rédacteur juridique RCT ne doit-il pas maitriser la législation civile, pénale et administrative dans le cadre de son activité quotidienne ?) dont l’expertise et les missions sont au moins aussi importantes que celles de certains emplois repérés dans d’autres familles professionnelles
  • Les emplois qui, en l’état, semblent laissés à la main des directeurs seraient les chargés d’études juridiques. Il n’est fait état d’eux (pas davantage que des autres « chargés de… ») dans aucun document. Pourtant, ils existent dans les caisses, sont sur des niveaux 5 à 7 le plus souvent. Seront-ils rapprochés de la caste des audienciers dès lors que leur activité s’en rapproche bien souvent? Seront-ils positionnés entre les conseillers juridiques et les audienciers ?

Que de complexification pour une réforme se voulant simplificatrice (ce qui n’est pas sans rappeler un autre sujet d’actualité).

…et l’émergence d’une perte de repères !

Avec le projet de nouvelle classification, le sentiment de dévalorisation va se généraliser. Il est déjà présent chez les cadres, dont un grand nombre s’estime déconsidéré, quand ce n’est pas déclassé !

Plus avant, certains évoquant déjà un ressenti inquiétant : méfiance, perte de sens, perte de repère…Ce sont des signaux d’alerte à prendre au sérieux car ils renvoient vers l’existence de risques psycho sociaux !

Ces signaux étaient déjà présents parmi le personnel du RSI lorsqu’il a fallu le repositionner dans nos organismes, ils le sont d’autant plus dans le contexte « politique » que nous connaissons :

  • Succession « d’absorptions » de personnels issus d’autres régimes ces dernières années
  • Menace sur la branche vieillesse dans le cadre de la réforme des retraites
  • Incertitude sur le devenir du personnel des CARSAT, dont certains viennent tout juste d’y être affectés en provenance du RSI…

Aux managers d’être plein d’inventivité et de pédagogie pour gérer, demain, au sein d’une même équipe des agents dont les emplois auront été repérés totalement, à moitié ou pas du tout. La marguerite risque d’être plus compliquée à effeuiller.

La négociation de cette nouvelle classification, effectuée à marche forcée, n’est pas satisfaisante sur le fond et sur la forme ! Le personnel mérite davantage de considération et de reconnaissance, notamment financière et pour cela, le SNFOCOS continuera de revendiquer pour la défense des cadres !

Sabine VAVASSEUR, Secrétaire Nationale en charge de la branche vieillesse et de la branche ATMP

Chafik EL AOUGRI, Secrétaire National en charge de la formation professionnelle et de l’assistance juridique