La crise du covid-19 va faire plonger le déficit de la Sécurité sociale à 41 milliards d’euros, selon certaines estimations.

Nous sommes bien conscients que le déficit annoncé n’est pas lié à des questions de démographie, à un abus des professionnels de santé ou des assurés sociaux, à une mauvaise gestion de la Sécurité Sociale comme on l’entend parfois.

L’Etat a déjà ponctionné la Sécurité sociale pour financer les mesures dites « Gilets jaunes ». L’Etat a recours à la Sécurité Sociale pour faire face à une crise sanitaire sans précédent.

En effet, la Sécurité Sociale contribue largement au dispositif de soutien mis en place par l’Etat. Le déficit lié au covid-19 est le fait du manque de recettes (report des cotisations patronales ; moindre recettes de CSG et de cotisations salariales…) et des dépenses supplémentaires (congés maladie pour garde d’enfants ; coûts sanitaires; équipements des soignants, coûts des tests; primes accordées aux soignants…) .

Dans cette situation exceptionnelle, la protection sociale a déployé son rôle d’amortisseur en garantissant un revenu aux millions de salariés du privé sans travail du fait du confinement, tandis que le système sanitaire a tenu le choc grâce à l’engagement exceptionnel du personnel hospitalier.

Pourtant, on ne peut écarter le risque que certains s’emparent du prétexte de ce déficit pour promouvoir une réforme de la protection sociale en remettant en cause son caractère solidaire. Leur seul objectif serait de réduire les dépenses. Ils pourraient par exemple nous expliquer que pour résorber le « trou de la Sécu » il faudrait ouvrir vers les assureurs privés, distinguer le « gros risque » du « petit risque »…

Pour nos concitoyens la sécurité sociale française est une institution essentielle et un droit à préserver. Pourtant le devoir de solidarité n’est pas toujours évident pour chacun.

Il y aura « un après covid-19 ». Notre environnement sera durablement bouleversé par cette crise et la question prioritaire à se poser est de savoir comment adapter le principe de solidarité à cette société nouvelle.

Jocelyne Lavier d’Antonio, en charge de la protection sociale