Une note, qui vient d’être publiée par la Fondation des femmes dans le cadre de son Observatoire de l’émancipation économique des femmes, s’intéresse plus particulièrement aux femmes aidantes et aux obstacles économiques qu’elles rencontrent.

Intitulée « Le coût d’être aidante » cette note met en lumière la manière dont les femmes soutiennent de façon disproportionnée par rapport aux hommes l’aidance d’un proche.

Sur les 11 millions d’aidants en France ( 1 Français sur 5 environ), les femmes sont majoritaires à  60 % mais 74 % quand il s’agit de personnes nécessitant des soins plus contraignants et jusqu’à 75 % de mères quand il s’agit d’un enfant.

L’aidance est de plus différente entre les femmes et les hommes, ces derniers aidant davantage de manière financière alors que les femmes ont une aide tournée vers le soin et le soutien moral. Elles effectuent ainsi des tâches plus difficiles que les hommes (activités domestiques, suivi médical, toilette et habillage).

Les femmes paient aussi le tribut le plus lourd en ce qui concerne le coût de l’aidance. Que ce soit en termes de déroulement de carrière ou sur leur budget.

En effet 80 %  des aidants au foyer sont des femmes. Les aidantes sont 25 % à être à temps partiel par obligation (contre 10 % des salariés). Elles sont bien souvent contraintes de réduire leur temps de travail, de passer à temps partiel voire de cesser toute activité professionnelle pour s’occuper de leur(s) proche(s). Elles perdent ainsi des opportunités professionnelles et elles gagnent moins d’argent alors que leurs dépenses augmentent.

Enfin n’oublions pas que ces inégalités s’accumulent et s’additionnent à la retraite (les femmes touchant déjà en moyenne 40 % de moins à la retraite que les hommes).

Alors que les femmes contribuent financièrement moins que les hommes (240 € par mois en moyenne vs. 310 € pour les hommes), cette aide pèse plus sur leur budget,  les inégalités économiques persistantes entre femmes et hommes faisant que les femmes compensent par leur investissement personnel. A l’inverse, le pouvoir financier des hommes aidants leur permet de s’extirper de certaines de ces contraintes.

Car le plus souvent les femmes ne peuvent bénéficier des aides financières existantes. En effet si des dispositifs se multiplient depuis plusieurs années, ils sont complexes et insuffisants voire parfois injustes pour les femmes (bien souvent les aides sont dédiées à la personne aidée comme l’APA par exemple ou quand elles sont imposables ou conjugalisées défavorisent les femmes).

On peut dire l’aide financière des femmes est à l’image des inégalités de revenus entre les hommes et les femmes.

Enfin en plus de ces coûts, il faut ajouter celui de leur bien-être et de leur santé : 46 % des aidantes ressentent une charge mentale trop importante (contre 37 % des hommes aidants) et 81 % des femmes aidantes se soucient davantage de la santé des autres que de la leur.

Il est donc grand temps de multiplier les bonnes pratiques notamment en entreprise pour faciliter la vie des aidantes, les maintenir dans l’emploi et les aider financièrement pour leur éviter de tomber dans la précarité. Les aidantes ont besoin de temps, d’argent et de soutien.

Flexibilité, aménagement d’horaires et télétravail peuvent faciliter le maintien en entreprise. Certaines entreprises autorisent aussi le don de jour de repos. D’autres ont mis en place des dispositifs financiers (bonus personne à charge par exemple ou abondement du congé proche aidant).

C’est dans ce sens qu’il faut continuer de soutenir les femmes aidantes et qu’il faut multiplier les dispositifs leur permettant de soulager leur fardeau.

Pour rappel, à la Sécurité sociale a été mis en place le dispositif « Je suis Proche Aidant »   sous l’impulsion notamment du SNFOCOS.

Toutes les OS et l’UCANSS ont signé le 13 juillet 2021 un accord relatif au déploiement d’un dispositif de soutien aux salariés proches aidants travaillant au sein du Régime Général de la Sécurité sociale. Ces aides prennent la forme d’un panier de prestations de services concrètes, de congés spécifiques.

L’UCANSS a fait remonter que depuis la mise en place de ce dispositif les aides mises à la disposition des salariés des organismes de Sécurité sociale sont peu actionnées et a diligenté un enquête interne en ligne que le SNFOCOS a appuyée.

Méconnaissance ? Manque de communication ? Il faut poursuivre les efforts pour faciliter l’accès de tous les aidants à ces aides, en particulier aux femmes.

Karine Gillard pour le SNFOCOS