Le gouvernement opère sans bilan et sans anesthésie. Le 3ème durcissement en 5 ans de l’assurance-chômage se justifierait par les difficultés de recrutement. Celui de 2019 baisse le montant mais prolonge la durée ; celui de 2023 rétablit la durée et introduit sa réduction supplémentaire de 40 % en cas de chômage à moins de 6 %. Ces réformes sont trop récentes pour confirmer leur « bien-fondé politique ». Ce passage aux forceps sans péridurale trouve en revanche un avantage de réduction budgétaire sur le dos des chômeurs (12Mds€ en 3 ans), et indirectement sur celui des salariés par leur paupérisation et leur smicardisation.

En s’attaquant aux coûts du travail, d’embauche, du licenciement et de la formation, le gouvernement vise à libéraliser le marché du travail en le rendant plus flexible. La DARES a constaté un retour à l’emploi plus rapide mais de moindre qualité, avec un enfermement dans les contrats courts et payés au SMIC.

En durcissant les conditions d’indemnisation du chômage, il diminue la capacité de négociation sur les salaires et leur stagnation par une forme de trappe, contenue entre le RSA d’un côté et la PPA de l’autre.

« Le quoi qu’il en coûte » a bénéficié aux entreprises. Aujourd’hui, il va durablement pénaliser les minorités silencieuses qui ne font pas grève (chômeurs et retraités), et les salariés qui ne pourront plus la faire car smicardisés.


Bruno Gasparini, Secrétaire Général du SNFOCOS