L’exécutif nous tend une main flatteuse : confier aux partenaires sociaux la gestion du régime général des retraites du privé. Après des années d’étatisation rampante de notre protection sociale, après avoir tenté de mettre la main sur les réserves de l’Agirc-Arrco, voilà que l’État nous complimente sur notre bonne gestion et nous invite à sauver la CNAV. Méfions-nous des cadeaux empoisonnés.

Notre gestion exemplaire des retraites complémentaires repose sur des fondamentaux non négociables : une gouvernance strictement paritaire, la maîtrise totale du recouvrement des cotisations, un pilotage assurantiel de long terme, et l’autonomie face aux ingérences politiques. C’est cette indépendance qui nous a permis de constituer des réserves, de certifier nos comptes sans réserve, et de garantir les droits de nos ressortissants.

Accepter de gérer la CNAV sans ces garanties serait une capitulation. Le périmètre de la CNAV mélange prestations contributives et prestations de solidarité. Nous n’avons aucune légitimité pour gérer ces dernières, qui relèvent de la fiscalité et donc de l’État. Pire encore : sans la maîtrise du recouvrement, aujourd’hui aux mains des URSSAF, nous serions privés du nerf de la guerre – les flux financiers.

Regardons ce qui s’est passé avec l’assurance chômage : un paritarisme de façade, un tripartisme sous tutelle étatique, où les réserves sont ponctionnées pour financer France Travail et des politiques publiques qui n’ont rien à voir avec l’indemnisation du chômage. C’est exactement ce scénario qui nous menace.

Notre responsabilité est d’abord de préserver ce qui fonctionne : l’Agirc-Arrco et ses régimes complémentaires. Avant toute discussion sur la CNAV, l’État doit répondre : s’engage-t-il à nous transférer le recouvrement ? Renoncera-t-il à toute ingérence sur les bornes d’âge, les trimestres, les allègements de cotisations ?

Sans ces engagements fermes et irréversibles, cette proposition n’est qu’un piège pour diluer nos régimes complémentaires dans le régime général et mettre la main sur nos réserves.

Le SNFOCOS et Force Ouvrière resteront vigilants : nous ne bradons pas le paritarisme.