Manager demande du temps, c’est une tâche à part entière que les cadres, souvent de proximité, doivent effectuer au milieu d’autres missions professionnelles et en plus de tout le reporting demandé par la hiérarchie et nos nouvelles organisations de travail.
Avec les réorganisations, les mutualisations et les fusions d’organismes, les cadres (moins nombreux après ces évolutions du réseau) sont aussi amenés à manager à distance des équipes disséminées sur des territoires de plus en plus grand, rendant difficile le contact et multipliant de fait les heures de déplacement.
Hier c’était la régionalisation des URSSAF, aujourd’hui la réforme territoriale en ARS qui a franchi un nouveau cap dans l’éloignement géographique. 
Ce sujet préocuppe autant les cadres, qui ont besoin de temps pour être proche de leurs collaborateurs, que leurs équipes qui sont en demande d’un management de qualité et de reconnaissance.
Pour les managers, un autre sujet vient s’ajouter, celui des dépassements horaires imposés par ces cadences, ces nouveaux modes d’organisation, et la volonté d’un travail de qualité. Ainsi, pour effectuer toutes ces tâches (encadrement de qualité, reporting, déplacements sur différents sites et d’autres tâches professionnelles), les cadres effectuent des heures qui viennent alimenter le compteur de la badgeuse pour au final être écrêtées à la fin du mois. Quand le manager pointe ses heures bien entendu, celui qui est « au forfait » perdant tout de manière encore plus automatique.
C’est quoi l’écrêtage ?
L’écrêtage c’est la suppression automatique d’heures que la salarié a travaillé au delà de son crédit autorisé défini dans son accord d’horaire variable local. A la fin du mois, la badgeuse supprime ces heures automatiquement.
Concrêtement, votre accord local d’horaire variable fixe par exemple à 10H le crédit maximum d’heures travaillées en plus de votre temps de travail. Si le dernier jour du mois ce crédit atteint 15 heures, ce sont cinq heures qui sont automatiquement supprimées. Sans possibilité de compensation, ni en temps, ni en rémunération.
Un sujet pour les Instances Représentatives du Personnel
Cela reste un sujet sensible, voire tabou pour les directions qui sont bien conscientes du problème y compris des suites juridiques qui pourraient être données puisque tout ce temps de travail englouti et oublié mensuellement s’apparente très clairement à du travail dissimulé. Il est donc bien rare que, sans l’intervention des représentants du personnel, les directions communiquent de leur plein gré les chiffres que le système informatique sait pourtant leur délivrer.
Il est donc du ressort de élus du CE et du CHSCT de se saisir de cette question et demander à la direction un bilan des heures effectuées. Vous serez sans doute surpris des chiffres.
A titre d’exemples :
en 2013 suite à la pression exercée par les élus, la direction d’une Agence Régionale de Santé communique les chiffres : 149 agents sur 230 (65% des salariés) ont été au moins une fois écrêtés et au total ce sont en un an 4 132 heures de travail qui se sont envolées, ni payées, ni récupérées, soit 2.6 ETP.
dans une URSSAF d’environ 600 salariés, ce sont plus de 5.000 heures envolées en une année, comme si chaque personne travaillait un jour de plus tous les ans, gratuitement, sans aucune contrepartie de l’employeur.
Au final, combien d’ETP au niveau national et interbranche ?
Renvendications du SNFOCOS
Le SNFOCOS revendique d’intégrer ces heures dans le CET (Compte Epargne Temps) ou d’en favoriser la récupération, voire le paiement. Ces heures ne doivent plus être perdues par le salarié.
Le snfocos demande une vraie reconnaissance de ce métier d’encadrant et une valorisation dans les fiches de poste des tâches expressement induites par le management.
Durant toute l’année 2016 le SNFOCOS se penchera très précisémment sur ces questions relevant de l’encadrement.
Vos retours sont les bienvenus.
Eric GAUTRON
Secrétaire National en charge de la communication et de la syndicalisation