Lors de sa première INC (Instance Nationale de Concertation) la semaine dernière, le nouveau directeur général de la CNAM, Thomas Fatome, est revenu sur une des grandes forces de l’Assurance maladie : le maillage départemental. Un maillage fin dont se félicite la branche maladie qui lui permet d’être au plus près des assurés comme l’a rappelé le DG : « la force du réseau de l’Assurance maladie est d’être présent sur tout le territoire, c’est une force d’être au plus près des assurés ».
Evidemment ce discours est totalement en phase avec les valeurs et revendications du SNFOCOS pour qui les caisses départementales de plein exercice sont les maillons de ce grand maillage départemental qui, avec leurs centres dispersés sur les territoires, place la Sécu au plus près de ses assurés et des professionnels de santé, des allocataires et des cotisants.
Oui mais voilà, derrière le discours se trouve la réalité. Celle de la fermeture des petits sites annexes. On se souvient du projet de fermeture du site de Dieppe pour l’URSSAF de Haute-Normandie. Et dans l’actualité se trouve encore le projet de fusion des deux URSSAF Normandes qui fait craindre encore de la casse.
Aujourd’hui ce sont trois sites d’une même DRSM (Grand Est) qui sont menacés de disparaître, éloignant un peu plus les assurés de leur caisse et laissant dans le désarroi les salariés qui y travaillent. On pourrait entendre l’argument d’une direction contrainte de fermer car il n’y a plus que trois salariés sur place. Mais cette situation a été créée par la direction elle-même qui, ne renouvelant pas les départs, a vidé son site de ses salariés.
Verdun mais aussi Saint Dié et Longwy. Trois fermetures d’un coup, une véritable restructuration et du personnel et du service rendu. Pour Longwy particulièrement, quels sont les critères de fermeture quand il reste encore une dizaine de salariés avec un médecin conseil qui assurent les missions du service médical ? Assurés comme salariés vont-ils devoir faire 119 kilomètres pour se rendre à Nancy, au mieux 65 kilomètres pour aller à Metz ?
La recette a-t-elle été la même pour fermer cette fois le site de la CARSAT Nord-Picardie de Béthune ? Ici la direction invoque même le coronavirus comme argument de fermeture : « On était sur le point de fermer l’agence de Béthune et ça s’est précipité avec le coronavirus. » !
Mais la direction d’ajouter sans feindre la vraie raison : « On doit rationaliser nos coûts. Les agences, ce sont des loyers et des coûts. On est tenu par des contraintes budgétaires mais le public ne sera pas pénalisé. ».
Alors après l’accueil physique au guichet, a succédé l’accueil physique sur RDV et puis avec le COVID plus aucun RDV du tout mais des appels téléphoniques ce dont se félicite la direction : « On a développé de nouveaux services comme les rendez-vous téléphoniques qui marchent bien et qui ne font prendre de risques à personne et on a développé aussi la demande de retraite en ligne pour laquelle on aide les usagers. ». Voilà donc l’autre ingrédient de la recette ! Pour autant les RDV physiques continuent bien dans les autres agences de la CARSAT, les assurés n’ont donc plus qu’à aller à Lens (plus d’une demi-heure de trajet) ou alors décrocher leur téléphone et s’asseoir devant leur ordinateur.
Voilà qui nous met bien loin des propos sur le maillage territorial, la grande force de la Sécu. Et puisqu’on voit que chacune des branches est gangrénée par ce mal de la fermeture, nous posons la question aux directeurs généraux : quelle est votre politique en matière de présence territoriale ?
Gageons que leur réponse se rapproche de celle du CESE qui déclare dans son Rapport annuel sur l’état de la France 2020 (« Se donner un nouveau cap ») que « les services publics constituent un bien commun qui ne peut être évalué sous le seul angle de son coût. Ils sont indispensables pour répondre aux besoins de la population ainsi qu’à l’équilibre des territoires et à la cohésion sociale. (…) Or, depuis 2000, les réorganisations des services de guichet de l’Etat se sont traduites par des diminutions très importantes des effectifs publics dans les territoires ainsi que par des fermetures d’implantations (sont cités les impôts, la MSA, les CAF, les CARSAT, et la santé au travail) ».
Eric Gautron, Secrétaire national en charge de l’encadrement