Alors que la fin du confinement demeure incertaine, que les conséquences RH des dispenses d’activité et des arrêts dérogatoires et que plane le risque d’un recours au chômage partiel, un levier de gestion semble avoir été négligé par les réseaux : la formation professionnelle !
Alors que ces dernières années, le recours à la formation à distance se développe dans les caisses, l’offre de formation s’est figée depuis le début du confinement.
Des formations à distance pour les étudiants et le personnel soignant. Et pour le personnel de la Sécu ?
Les organismes de formation ont su s’adapter depuis le début de la crise : elles ont fait la bascule pour s’adapter au marché et aux circonstances, proposant de passer des formations initialement réalisées en présentiel, en formation à distance. Après quelques balbutiements, la formation à distance au niveau de l’enseignement fait désormais ses preuves, de même que les formations professionnelles. Les Hôpitaux de Paris ont ainsi mis en place une plateforme de e-learning pour former les personnels soignants à la prise en charge des patients atteints de COVID-19, formation qui a recueilli 20000 inscriptions en 10 jours. Une vingtaine de cours organisés en cinq parcours sont proposés sur des sujets transverses ou très techniques : recommandations en matière d’hygiène, ventilation des patients, réanimation, Covid-19 et grossesse. Si c’est possible pour les soignants, pourquoi pas pour le personnel de la Sécu ?
L’EN3S a d’ores et déjà mis à profit cette possibilité en organisant notamment un webinaire « Manager à distance à l’ère du numérique » le 7 avril dernier, et en proposant d’autres webinaires (piloter son PCA, gestion de la production…), autant de solutions offertes à la filière management de se former pendant la crise. Pour ne pas que la formation demeure « confidentielle », la demande excédant l’offre, l’EN3S a proposé de l’organiser dans les organismes : à l’identique, en la personnalisant en fonction des enjeux spécifiques de l’organisme, en classe virtuelle et même en e-learning.
En revanche, s’agissant du reste du personnel, il en va autrement. Le volume important de salariés en dispense d’activité en témoigne malheureusement, l’accès à la formation professionnelle est reléguée au second plan dans nos réseaux.
Défendre la formation en temps de confinement pour préparer l’après ?
La fin du confinement ne suffira pas à relancer les formations en présentiel : les hébergements et les déplacements seront peu ou pas accessibles pendant encore plusieurs semaines, voire mois. Il ne faut donc pas attendre : les caisses doivent mettre à disposition du personnel les équipements nécessaires pour leur permettre de télétravailler et/ou de se former.
Ce serait l’occasion de permettre aux salariés de renforcer des compétences, d’en développer, de préparer une évolution ou une transition professionnelle, potentiellement en bénéficiant d’un accompagnement plus attentionné (coaching, session individualisée…).
A cet égard, il faut mettre à profit l’ordonnance 2020-387 du 1er avril 2020 qui prévoit un certain nombre de mesures visant à faire face à l’épidémie de Covid-19 en cours en matière de contrats d’apprentissage et de professionnalisation, d’entretiens professionnels, de certifications professionnelles et de validation des acquis de l’expérience. C’est plus particulièrement l’article 2 qui pourrait être facilement mis à profit car il autorise les OPCO à financer de manière forfaitaire les parcours de validation des acquis de l’expérience (VAE), composés du positionnement du candidat, de son accompagnement à la constitution du dossier de recevabilité et de son passage devant le jury de validation.
Le SNFOCOS n’avait pas signé l’accord sur la formation professionnelle parce que les outils pédagogiques, d’information et d’accompagnement y sont déficitaires, les moyens humains n’y sont pas prévus, les moyens financiers y sont limités à leur portion congrue.
Le contexte confirme ce constat. Toutefois, faire l’expérience concrète de la formation à distance, en mesurer dans l’urgence les capacités et les limites permettra peut-être que chacun se rende compte de l’importance de nos revendications, de la nécessité de réinventer les méthodes, de débloquer des moyens…
A l’image d’autres volets, personnels et professionnels, la formation professionnelle au profit du personnel de l’institution sortira transformée de cette période pour s’adapter au monde d’après et aux risques. C’est aussi pour cela que le SNFOCOS revendique et exige l’instauration d’un plan d’investissement et de revalorisation au profit des personnels, actuels et futurs, de la Sécurité sociale.
Chafik EL AOUGRI, Secrétaire national en charge de la formation professionnelle