Dans un contexte de transformation sociale, l’ambition française d’adapter son offre médico-sociale pour les personnes en situation de handicap reflète à la fois des avancées et des défis persistants. Comment la France se positionne-t-elle par rapport à ses voisins européens ?
Objectifs ambitieux, progrès contrastés
La conférence nationale du handicap de 2023 a tracé une feuille de route ambitieuse pour 2030 : passer d’une « logique de place » à une « logique d’offre de services coordonnés ». Pourtant, le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) souligne une mise en œuvre hétérogène sur le territoire, freinée par des obstacles réglementaires et organisationnels. À titre comparatif, dans les pays nordiques comme la Suède et le Danemark, une telle transformation a été amorcée il y a plus de dix ans, avec des taux de satisfaction des usagers dépassant les 85 %, contre environ 60 % en France selon les chiffres récents.
Une dynamique de transformation à la traîne ?
Sur le plan du financement, la France consacre environ 2,1 % de son PIB aux services sociaux et médico-sociaux pour les personnes en situation de handicap, une proportion inférieure à celle de l’Allemagne (2,8 %) et des Pays-Bas (3,2 %). Les recommandations de l’IGAS insistent sur l’utilisation des règles de financement comme levier de transformation, pour permettre une meilleure modularité des parcours.
Dans ce cadre, supprimer les catégories institutionnelles et favoriser des accompagnements flexibles deviendraient clés. Les expériences européennes montrent qu’une simplification réglementaire accrue pourrait réduire les inégalités dans l’accès aux services : en Espagne, une réforme similaire a permis une hausse de 30 % des prises en charge adaptées en cinq ans.
Des outils numériques, une piste prometteuse
Les investissements dans les technologies sont un autre axe stratégique. Le rapport mentionne l’adaptation de l’écosystème numérique pour accompagner des parcours personnalisés. Là encore, une comparaison internationale s’impose : les Pays-Bas ont instauré dès 2018 un système numérique unique de gestion des parcours modulaires, entraînant une réduction des délais administratifs de 40 %. En France, le déploiement de tels outils demeure en phase exploratoire, mais l’objectif fixé à 2030 pourrait accélérer leur adoption.
Renforcer les droits : une priorité universelle
Enfin, l’accent sur les droits des personnes, incluant l’accès à l’information et l’aide à l’autodétermination, rejoint les efforts de nombreux pays européens. Par exemple, en Italie, le droit d’absence temporaire des établissements est garanti depuis 2015 et a conduit à une amélioration notable de l’inclusion sociale. La France compte s’inspirer de ces modèles pour garantir l’égalité des droits tout en s’adaptant à la diversité des parcours de vie.