LA CRÉATION DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
Fondée en 1945, notre « Sécu » a été voulue, créée et défendue par des hommes et des femmes que l’on retrouvera deux trois ans plus tard parmi les fondateurs de la CGT-FO.
Dès 1943, Georges Buisson (1878-1946), spécialiste des assurances sociales dans la CGT d’avant-guerre, rédige un programme précis de sécurité sociale qui est cependant rejeté par l’Assemblée consultative d’Alger fin 1943, représentation démocratique du CFLN (Comité français de libération nationale). Mais les idées de Buisson seront en grande partie reprises dans le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) au printemps 1944. À l’automne de la même année, une délégation de la CGT rencontre de Gaulle, alors président du Gouvernement provisoire, pour le convaincre des bienfaits du « rapport Buisson ». C’est ainsi, entre autres, que lorsque les discussions commencent à l’Assemblée en juin 1945, le fait est acquis : la Sécurité sociale verra bien le jour. Les salariés, leurs familles et le mouvement syndical viennent de remporter une victoire considérable, bien plus étendue que les assurances sociales préexistantes.
Une Sécu toujours à défendre
Dans son numéro du 26 juillet 1945, le journal Résistance Ouvrière (ancêtre de FO Hebdo et de L’inFO militante) mettait en garde ses lecteurs contre les attaques visant le rapport Buisson, en provenance des Caisses patronales de compensation et des associations familiales chrétiennes. Finalement, les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 reconnaissent le droit des salariés à gérer leurs propres cotisations. Cela va changer du jour au lendemain la vie de millions de travailleurs avec enfin la couverture du risque maladie, du risque vieillesse et des allocations familiales. Pour la première fois en France, le suivi de la femme enceinte et du nourrisson sera couvert par des prestations médicales, ce qui va pratiquement éradiquer la mortalité infantile en France. Une Sécu qui doit de plus en plus se protéger des attaques venues de toutes parts.
Christophe CHICLET , Journaliste à L’inFO militante