Monsieur le Directeur Général de la CNAF,

Lors de notre dernière INC du 4 mars 2022, nous vous avons déjà alerté sur l’inquiétante situation de la branche famille et de la tâche considérable qui vous est confiée pour retrouver enfin la confiance de vos cadres.

Encore et encore, le personnel continue donc de déployer des efforts considérables en faisant face à des difficultés qui perdurent, une réforme AL qui retarde encore le processus de liquidation par la persistance des anomalies de droits et par la déficience du système d’information qui n’était pas prêt à absorber cette réforme et surtout à l’incompréhension des allocataires en accueil physique et téléphonique, ainsi que des partenaires bailleurs que la réforme RLS avait déjà bien échaudés.

Un tel effort du personnel, encore reconnu dans le texte lors du discours du Ministre lors de sa venue au CA de la CNAF le 6 septembre, doit être souligné au regard de la complexité des dossiers générée par les multiples réformes et/ou nouvelles prestations (AL, intermédiation financière, ADE…), ainsi que par des changements de situations plus fréquents générés par la dégradation du contexte socio-économique des allocataires du fait de la crise économique en cours à laquelle s’ajoute une crise climatique incitant même déjà au moins une Caf à fermer des locaux plusieurs jours pour réduire les coûts budgétaires d’ici la fin de l’année…

Ces efforts sont effectués par les salariés également par des heures supplémentaires notamment en fin de journée et ou le samedi, qui deviennent désormais systématiques pour des raisons structurelles et non pas conjoncturelles. L’embauche de CDD de suffit pas !

Avec la généralisation du télétravail, il y a un risque de dérive au recours excessif aux heures supplémentaires en demandant aux agents télétravailleurs de travailler, notamment le samedi, avec tout le risque et impact négatif sur la vie familiale et personnelle.

Un certain nombre d’organismes ont rendu obligatoires ces heures supplémentaires !

Encore aujourd’hui et sans exagération, la situation dans le réseau des Caf est explosive et le SNFOCOS continue de revendiquer une meilleure reconnaissance salariale des salariés de l’institution par une augmentation de la valeur du point digne de ce nom.

  • A la complexité croissante de la liquidation des prestations légales, s’ajoute l’accroissement des charges conjoncturelles en tant que mesures remparts contre l’exclusion sociale (minima sociaux, dernier guichet recevant les usagers, substitution à l’État dans la Solidarité Nationale, sous-traitant des Conseils Départementaux, …).
  • Alourdissement structurel des charges, une réglementation complexe et en constante évolution, nouvelles prestations en cours de COG telle que la Prime d’Activité, Intermédiation financière, Ade, …
  • Des réformes brutales et mal préparées, motivées par des objectifs d’économies budgétaires contraires aux besoins des allocataires, des partenaires et des salariés de l’Institution (réforme AL notamment dans la période la plus récente).

Face à ce contexte, il est désespérant de constater :

  • La non-compensation des charges nouvelles et la poursuite de la restitution des postes.
  • La non-reconnaissance des salariés, en deçà de leurs espérances légitimes, toujours dans des écrits remarquables, à faire rougir le personnel, mais totalement déconnectée des besoins face à une inflation au galop et ce n’est pas 3,5% d’augmentation au 1er octobre qui fera oublier une politique salariale et promotionnelle quasi nulle depuis 2010.
  • Le mal-être au travail, plus que dans aucune autre Branche de la Sécurité sociale, les salariés des Caf en souffrent (perte de sens, travail non reconnu, absentéisme…)

Ce contexte n’épargne personne.

Les travailleurs sociaux sont également malmenés et ils ne trouvent plus de sens à leur métier. Serions-nous dans le déni de l’humain où l’atteinte d’objectifs d’activité prend le pas sur l’accompagnement de la personne ?

En effet, ils se trouvent au carrefour d’une multitude d’enjeux contradictoires où des personnes et des rôles se heurtent, des objectifs institutionnels se contredisent, des missions se concurrencent, ils doivent faire face à un ensemble d’injonctions opposées, parfois même aux objectifs de leur direction, ce qui les amène à un profond sentiment d’isolement et d’abandon !

Dans une institution comme la nôtre, il faut des professionnels formés, outillés, valorisés, en relation entre eux pour rendre le meilleur service possible aux usagers et allocataires. Il est important de considérer les réalités complexes et les différents enjeux qui marquent le quotidien du travailleur social, à repérer les contradictions et les impasses qui paralysent.

La CNAF doit garantir à chaque travailleur social l’exercice de son métier dans les conditions optimales :

aujourd’hui ce qui nous interpelle c’est la place que veut donner la Cnaf au travail social.

La situation se dégrade du fait d’un manque de positionnement, d’une Direction Nationale et locale hors sol, qui ne sait plus (ne veut plus ?) définir des orientations pour les travailleurs sociaux de la Branche famille

  • A quand une vision politique ambitieuse à la hauteur des besoins identifiés par territoire au niveau national, et un repositionnement innovant ?
  • A quand la reconnaissance et la valorisation de l’expertise sociale et des compétences propres au travail social (travail partenariat, individuel, collectif, évaluation des dispositifs des politiques sociales…)

Aujourd’hui le travail social n’a plus de projet écrit qui donne le sens, qui soit le fil conducteur de l’action.

  • A quand des orientations claires en phase avec les évolutions de la société ?
  • A quand un projet définissant le rôle et les missions de chacun, cohérents et articulés ?

Le travailleur social doit prendre en compte l’individu dans un environnement complexe, en constante évolution :

  • A quand un plan de formation novateur en phase avec les réalités nationales
  • A quand un espace d’échange inter-branches pour une harmonisation des pratiques professionnelles ?
  • A quand un véritable soutien technique du national ?

Le SNFOCOS est animé, comme vous le savez déjà, par la conviction profonde que l’ambition constitue l’enjeu supérieur de toute action, elle donne un cap, une perspective à long terme, elle définit des moyens, des étapes, elle donne du sens, tant aux travailleurs sociaux qu’aux partenaires.

Le SNFOCOS réclame donc un projet de travail social d’envergure, une stratégie qui dépasse les logiques gestionnaires pour construire un avantage décisif pour les familles et des moyens en conséquence à la hauteur des enjeux.

Le SNFOCOS réclame un plan de formation innovant qui accompagne l’action des travailleurs sociaux dans un contexte sociétal en évolution.

Le SNFOCOS réclame une véritable politique prévisionnelle de gestion des emplois et des compétences qui anticipe enfin les besoins en fonction des contraintes de l’environnement.

Le SNFOCOS croit à l’utilité profonde du travail social dans toutes les branches et notamment dans les CAF.

Enfin comme nous vous l’avions dénoncé le 4 mars nous vous confirmons que la situation dans les Caf en 2022 est de plus en plus problématique !

Des agents insatisfaits de leur rémunération,

Plus stressés et sans perspectives

La révolte gronde, dans toutes les strates de la hiérarchie !

Pour exemple à la Caf 13, des cadres n’ont eu aucune mesure depuis plus de 8 ans et des agents malgré leur montée en charge et en efficience sont toujours niveau 3 après 40 ans dans ce même organisme, et ce n’est pas une mesurette pour les bas salaires qui a changé les choses !

Le contrat de travail est un échange de travail contre un salaire, et bon an mal an les salariés des organismes privés de sécurité sociale notamment dans les Caf, fonctionnaient auparavant dans un contrat de confiance où l’employeur garantissait un salaire reconnaissant le travail réalisé et permettant de maintenir le pouvoir d’achat aux salariés, avec des points d’expérience et des points de compétences. 

Malgré l’investissement reconnu des salariés de l’Institution durant la crise sanitaire de 2020 et 2021, aucune mesure Prévert ou autres comme certaines autres branches… juste des lettres, des écrits de remerciement à tous les salariés de la branche Famille et la décision d’une mesure salariale en ce début de mois de septembre qui reflète un certain mépris de l’Employeur de ne pas compenser la perte de pouvoir d’achat des salariés de l’Institution depuis une décennie !

On s’étonne que la Sécurité Sociale peine à recruter des compétences par manque d’attractivité et que l’on voit de plus en plus des cadres expérimentés et reconnus partir dans d’autres secteurs privés, mieux rémunérés et moins sous tension du fait des baisses d’effectifs et des changements incessants sur instructions bâclées et avec un outil de travail ou « Système d’information » qui déraille.

Nous sommes à l’évidence passés du contrat de confiance au contrat de méfiance et ces actes traduisent du mépris pour les salariés de nos organismes sociaux.

Face à cette situation, le SNFOCOS et comme à l’occasion de chaque INC, réitère sa demande urgente des mesures suivantes :

  • La revalorisation du point à hauteur de 5%, en urgence, comme véritable mesure salariale, à la hauteur des enjeux
  • Une meilleure considération du personnel par la reconnaissance de l’investissement des cadres qui font face à des enjeux managériaux non préparés, notamment en ce qui concerne le management en situation de télétravail.
  • Une augmentation des possibilités de parcours professionnels et de points de compétence afin de maintenir les motivations des salariés, et notamment des cadres, dans un environnement de travail de plus en plus difficile, complexe et instable.

 Monsieur le Directeur général, le SNFOCOS vous demande de relayer et d’appuyer fortement ces demandes plus que légitimes.

Le personnel de la branche famille compte sur votre soutien et appui à ses revendications légitimes.

 La Délégation du SNFOCOS :  Eliane Maguet, Driss Moulay Chérifi, Thierry Faivre et Christophe Rabot