Interview croisée de trois salariés de la Sécurité sociale. Ils reviennent en quatre questions sur la crise sanitaire, le confinement, le télétravail et la reconnaissance dans le secteur de la « Deuxième ligne » que la Sécu aurait pu espérer.

 La Lettre de la Michodière : Un an après, qu’est-ce que tu retiens de cette crise ?

  • L’accélération du télétravail et la découverte du confort que cela peut apporter. Sous respect du volontariat car tous ne sont pas favorables. Son pendant flex-office dans lequel l’employeur s’engouffre !
  • Une découverte du télétravail. Dans des conditions dégradées au départ puis moyennant un investissement financier personnel dans de bonnes conditions matérielles. Un gain de temps et d’énergie. Le confinement a permis de se recentrer sur l’essentiel : la cellule familiale. Même si c’est un peu dur les restrictions qui perdurent dans le temps, finalement c’est une expérience de vie positive pour moi.
  • Dans le cadre de notre métier, nous avions déjà l’habitude de travailler à notre domicile. Nous avons la chance d’avoir été ce qui m’a permis d’avoir des conditions matérielles de travail correct. En ce qui concerne les retombées psychologiques, je déplore qu’aucune reconnaissance n’ait été apportée à l’ensemble des salariés. Le travail en mode dégradé avec les enfants a été difficile mais aucune récompense n’a été apportée, soit parce que l’on a été absent pendant une partie du premier confinement, ou alors parce que nous n’avons pas été mis à contribution pour l’entraide, ce qui nous a de fait, exclu du versement de la prime COVID… et ces arguments ne sont que de petites parties des reproches faits aux salariés pendant cette période…Il en ressort une démobilisation complète pour notre institution. Si nous ne sommes jamais récompensés alors que nous avons une conduite exemplaire dans les coups durs, alors quand seront nous récompensés ? Je déplore également que la direction ait profité de cette période pour faire passer des « réformes » en force comme les titres restaurants dématérialisés. Et maintenant elle s’apprête même à changer nos conditions de travail avec les accords sur le télétravail, le forfait jour etc…

 

La Lettre de la Michodière : Que sont les secteurs de la Deuxième ligne pour toi ?

  • Ceux qui ont continué à faire tourner le pays après les soignants et la Sécu en fait évidemment partie.
  • Ce sont ceux qui ne sont pas vitaux pour la vie humaine mais essentiels pour que notre société continue de fonctionner économiquement et socialement.
  • Ce sont les secteurs qui permettent de faire fonctionner la société en cas de crise (versement de prestations, arrêts des prélèvements de charge…).

 

La Lettre de la Michodière : Penses-tu qu’on puisse dire que les activités des salariés de la Sécu forment un secteur de 2ème ligne ? Et pourquoi ?

 

  • Oui, poursuite des prestations, contact tracing en lien direct avec la pandémie.
  • Oui car sans Sécurité sociale on ne peut plus se soigner et dans une période épidémique ce serait quand même dramatique. Les gens ont besoin de leurs prestations, la précarité liée au COVID est déjà assez prononcée.
  • Bien évidemment, tous les salariés de la Sécurité sociale forment un secteur de 2ème En URSSAF, en accordant des délais de paiement, en suspendant les prélèvements, en accordant des aides exceptionnelles… En CAF, en CARSAT, le versement des prestations essentielles à la vie des gens a été maintenu. Enfin en CPAM, entre les équipes de tracing, le surcroit d’activité lié aux arrêts maladies, les salariés n’ont pas chômé non plus !

 

La Lettre de la Michodière : De quelle(s) reconnaissance(s) ces activités de seconde ligne devraient bénéficier (salaires, conditions de travail…) ?

 

  • En tout cas autre chose que du mépris. On voit que même les soignants sont méprisés, promesse non tenues, conditions de travail toujours aussi précaires. L’augmentation de la valeur du point et pas des primes qui seront minimes et versées à quelques-uns. Nous sommes tous concernés par la deuxième ligne directement ou indirectement.
  • Une revalorisation des salaires et des perspectives d’évolution, une reconnaissance de la hiérarchie
  • Il faudrait une augmentation générale des salaires, surtout depuis qu’aucune négociation n’a abouti avec la pseudo négociation de la nouvelle classification

 

Propos recueillis par ERIC GAUTRON, Secrétaire National en charge de l’Encadrement et de la Prévoyance