Les premières données sur la formation professionnelle ont été présentées par l’UCANSS. On aurait pu craindre un effet récessif sur la formation professionnelle avec la réforme de 2018 mais, dans la réalité, les chiffres prouvent que cela n’est pas le cas.

On observe une augmentation du taux d’accès à la formation professionnelle, qui est passé de 69% en 2018 à 75,9% en 2019 ainsi que du nombre de stagiaires (115 483 salariés en formation en 2019 contre 103 508 en 2018).

Maintien d’un niveau élevé de mobilisation des dispositifs d’accès à la formation :

  • A l’initiative de l’employeur :
  • Au titre du plan de formation : cela représente 98% des bénéficiaires et 86% des heures de formation (113 339 salariés).
  • Le nombre de contrat de professionnalisation baisse mais reste à un niveau conséquent (644 contrats en 2019 contre 965 en 2018 et 734 en 2017). La baisse se situe principalement dans la branche Famille qui représente 61% des contrats.
  • Augmentation de plus de 25% du nombre de contrats d’apprentissage : 208 en 2019 contre 166 en 2018 (225 000 heures de formation).
  • A l’initiative du salarié :
  • Le nombre de CPF (Compte Personnel de Formation) augmente de 43,65% (1 912 en 2019 contre 1 331 en 2018, soit 211 836 heures contre 107 856 heures en 2018). Plus de la moitié des formations sont hors temps de travail.
  • Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) a bénéficié à 160 salariés pour sa première année d’existence, ce qui représente 128 909 heures de formation. Pour 28%, les titres et diplômes visés étaient de Bac+3 ou plus et pour 24% de niveau Bac+2. Le PTP remplace le CIF (Congé Individuel de Formation). A titre de comparaison, il y avait eu 341 CIF en 2018, soit 321 000 heures de formation. En 2019, année transitoire, les PTP ont été gérés par les FONGECIF (Fonds de Gestion des Congés Individuels de Formation). Depuis le 1er janvier 2020, de nouvelles commissions paritaires interprofessionnelles régionales, les CPIR, ont pris le relais (renommées Associations transitions pro).
  • 114 démarches de VAE contre 118 en 2018.
  • Baisse de 1,63% du nombre de bénéficiaires de CEP (Conseil en Evolution Professionnelle) de 923 en 2018 à 908 en 2019. Dernière année de gestion du CEP par Uniformation en 2019. Pour l’avenir, d’autres opérateurs ont été désignés par France Compétences.
  • Le nombre de bilans de compétences est de 648 en 2019 (675 en 2018). 568 salariés ont donc engagé un bilan de compétences en mobilisant leur CPF et 80 en ont bénéficié dans le cadre du Plan de Développement des compétences de l’employeur (En effet, avec la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », le congé bilan de compétences a pris fin le 31 décembre 2018 ; il est donc nécessaire de mobiliser d’autres modalités de réalisation).

Néanmoins, la hausse du nombre de bénéficiaires avec dans un même temps une baisse du nombre d’heures de formation (-145 000 heures) explique que le nombre moyen d’heures de formation suivies pendant l’année ne soit que de 39 heures en 2019 contre 44 heures en 2018.

La question sous-jacente est de savoir si cette augmentation du nombre de salariés en formation ne cache pas une réalité de plus de formations mais plus courtes et plus d’e-learning à la place de « vraies » formations.

Le SNFOCOS avait demandé des formations pour les ex-salariés du RSI sur leur budget dans le cadre de leur intégration dans le régime général mais les chiffres de l’UCANSS ne permettent pas de distinguer ce qui relève plus particulièrement de ces salariés.

Caractéristiques de l’accès à la Formation Professionnelle :

  • Accès à la formation selon le niveau d’études : les salariés les plus qualifiés ont le plus accès à la formation. Les salariés de niveau Bac+2 et Bac+3 et plus représentent 60% des salariés de l’Institution et représentent 67% des bénéficiaires de formations.
  • Accès à la formation selon l’âge :
  • Le Plan de développement des compétences reste neutre par rapport à l’âge.
  • Pour les PTP, les bilans de compétences et les VAE, les tranches d’âge les plus représentées sont les 35-54 ans (plus de 65%).
  • Les moins de 26 ans représentent 93% des contrats d’apprentissage (âge maximum relevé à 29 ans mais des dérogations demeurent possibles pour les projets de reprises d’entreprises ou les personnes handicapées) et 46% des contrats de professionnalisation.
  • Accès à la formation selon le sexe :
  • Le Plan de développement des compétences reste également neutre selon le sexe : les femmes représentent plus de 78% des effectifs et sont concernés par le Plan à 79,8%.
  • Les femmes sont sur-représentées dans les PTP (près de 82%) et les CPF (83%).
  • A l’opposé, elles sont sous-représentées dans les contrats d’apprentissage (69%).

Les dispensateurs et les achats de formation :

  • 75,4% des heures de formation dispensées en 2019 sont des heures de formation interne ou achetées à un opérateur de formation institutionnel. La Branche retraite est celle pour laquelle la formation interne est la plus importante et à l’opposé, ce sont les UGECAM qui utilisent le plus des formations externes.
  • Les dépenses de formation atteignent 246,7 millions d’euros en 2019 (248,7 en 2018), soit 4,9% de la masse salariale brute comme en 2018. La répartition des dépenses reste constante. Les dépenses de formation interne et celles facturées par des prestataires de formation tels que l’Institut 4.10 ou l’EN3S atteignent un peu plus de 82 millions, soit 34% du montant total. 93 millions sont affectés à la rémunération des stagiaires.

La baisse des dépenses de formation reste donc contenue par rapport aux exercices précédents.

Virginie Roche, Membre SNFOCOS de la CPNEFP