Les différentes analyses réalisées démontrent un accroissement de l’absentéisme de longue durée en raison notamment de l’augmentation des troubles psychologiques ou musculo squelettiques.

Il est fortement à craindre que le recul de l’âge de départ à la retraite amplifie cette dynamique pour les salariés seniors.

Selon l’observatoire AXA publié le 22 mai 2023 à partir des données d’un portefeuille de 3 millions de salariés, le taux d’absentéisme a connu une hausse significative de +41 % chez les cadres entre 2019 et 2022, même si cette catégorie continue de moins s’absenter que les non cadres.

Dans son baromètre, publié le 1er juin 2023, Malakoff Humanis relève que pour son panel d’entreprises du secteur privé  l‘absentéisme atteint un niveau record depuis 2016 avec 50 % des salariés ayant connu au moins un arrêt en 2022. Il souligne qu’une forte progression touche tout particulièrement les jeunes salariés et les managers, catégories qui s’arrêtaient habituellement moins.

Selon cette étude, près d’un manager sur deux estime que le travail hybride et le télétravail ont rendu leur rôle plus complexe et 50% se disent stressés au travail (contre 38% pour les non-managers). Les salariés en arrêt long révèlent dans plus de 8 cas sur 10 qu’ils ont ressenti des signes avant-coureurs au cours des deux années qui ont précédé l’arrêt de travail : une fatigue excessive ou une surcharge de travail.

Dans les organismes sociaux les cadres sont confrontés aux mêmes difficultés. Les mêmes causes ont les mêmes effets et le malaise des cadres est palpable. Les cadres de proximité, notamment, doivent gérer leurs équipes en conciliant les absences, la nécessité d’absorber l’excédent de charge de travail et la pression de leur direction pour atteindre les objectifs. Ils sont en première ligne face à l’augmentation de l’absentéisme, tant en termes de réorganisation du travail que de prévention et d’accompagnement au retour à l’emploi.

Pour l’Institution, les conséquences d’un absentéisme élevé sont lourdes : perte de productivité, détérioration de la qualité de service et de l’image de la Sécurité Sociale, répercussion sur le climat social, coût de gestion de l’absentéisme… De plus l’impact est direct sur l’équilibre des contrats collectifs santé /prévoyance.

Dans le même temps, la crise sanitaire a engendré un changement dans les attentes des salariés. Ces derniers ont pris conscience de l’influence du travail sur leur santé, ils souhaitent la mise en œuvre par l’employeur d’actions pertinentes en matière de prévention, pour favoriser leur bien-être au travail.

Le personnel attend notamment plus de flexibilité et une prise en compte des situations de fragilité.

L’accord UCANSS de juillet 2021 relatif au déploiement d’un dispositif de soutien aux salariés proches aidants est un premier pas en ce sens.

Plus largement, le principal levier pour enrayer la hausse de l’absentéisme est la prévention et l’employeur peut agir en réalisant un diagnostic collectif de la démographie et de l’absentéisme et en instaurant des conditions du dialogue entre la direction, les managers, les collaborateurs, les partenaires sociaux, les médecins du travail et les assistants sociaux afin de déterminer des actions à mener localement.

Pour le SNFOCOS, l’UCANSS en sa qualité d’acteur de la prévention santé des salariés des organismes sociaux doit se donner les moyens de cerner les différentes causes de la hausse de l’absentéisme, favoriser un dialogue constructif entre chacun des acteurs et communiquer sur les actions de prévention engagées pour préserver la santé du personnel.

Jocelyne Lavier d’Antonio, en charge de la protection sociale complémentaire