En France, près d’un actif sur six est concerné par la prise en charge d’un proche, soit 11 millions de personnes, dont 61% sont salariées. Cette réalité sociale invite à une réflexion collective sur la conciliation entre vie professionnelle et responsabilités familiales.
Cette situation, souvent invisible, a un coût humain et organisationnel non négligeable. Plus d’un salarié aidant sur deux évoque une surcharge mentale, tandis que près de la moitié signale des répercussions sur sa santé et son moral. La réalité professionnelle n’est pas moins préoccupante : 30% des aidants déclarent être en difficulté dans leur emploi, ce ratio dépassant 40% chez les moins de 30 ans.
Bilan du dispositif « Je suis proche aidant »
Depuis la signature de l’accord UCANSS du 13 juillet 2021, notre branche a fait le choix d’œuvrer en faveur des salariés proches aidants à travers un accompagnement bicéphale : maintien de rémunération lors des congés légaux, adaptation organisationnelle, plateformes d’information, paniers de prestations et orientation personnalisée.
Faiblesses récurrentes et enjeux
Pour autant, ce bilan masque des faiblesses structurelles persistantes. Les démarches restent lourdes et complexes, freinant l’accès aux prestations. L’information demeure lacunaire, avec moins de 30% des salariés correctement informés, tandis que le portail digital souffre d’une sous-utilisation chronique (moins de 2% des effectifs inscrits). Les paniers de prestations sont activés dans seulement 60% des cas, révélant une inadéquation entre l’offre et des besoins souvent atypiques. La gouvernance se heurte à l’absence d’instance interbranches de suivi, et le pilotage opérationnel montre des inégalités territoriales notables.
Enfin, le dispositif, bien qu’apprécié par ses bénéficiaires, peine à transformer l’essai en une politique RH réellement intégrée et généralisée.
Perspectives de négociation
C’est pourquoi, il appartient à notre branche de dresser un constat honnête et exigeant sur l’ampleur du défi.
L’aidance n’est plus un phénomène confidentiel : elle requiert un engagement collectif et une capacité d’innovation sociale adaptée aux transformations du travail et de la société. La négociation qui s’ouvre doit préfigurer des orientations aptes à garantir la dignité, l’équité et l’efficacité pour tous les salariés concernés.