Au lendemain de l’élection présidentielle, l’exécutif a confirmé sa volonté de présenter prochainement un nouveau projet de réforme des retraites. A la tribune du XXVe congrès confédéral de Rouen, les délégués ont été nombreux à exprimer leur opposition à toute réforme, à commencer par un recul à 65 ans de l’âge légal de départ. Ils se sont dit prêts à faire la grève si nécessaire pour se faire entendre. Lundi matin, sur RTL, Frédéric Souillot a réaffirmé la détermination de FO de combattre cette réforme.
La question de la réforme des retraites, malheureusement toujours d’actualité, a été dénoncée par de nombreux délégués lors du XXVe congrès confédéral FO. Plusieurs prises de parole ont salué le combat mené en la matière par FO fin 2019 et début 2020. La confédération avait en effet été fer de lance pour contrer la première tentative du gouvernement de mettre en place un régime unique par points, en lançant un appel interprofessionnel à rejoindre la grève annoncée par les syndicats de la RATP et des transports à compter du 5 décembre. Nous n’avons pas échoué : la mère des réformes qui figurait au programme du Président de la République n’a pas vu le jour s’est félicité le secrétaire général sortant Yves Veyrier dans la présentation du rapport d’activité de la confédération.
C’est aussi à l’initiative de FO, qui avait recherché l’unité d’action syndicale, que les cinq confédérations se sont adressées formellement au gouvernement et au Président de la République en octobre 2020 pour s’opposer au retour de réforme.
Philippe Herbeck, secrétaire général de FO-Cheminots évoquait aussi ce projet retraites. Ce fut soulignait-il un combat interprofessionnel gagné (…).. Nous l’avons combattu ensemble pendant de longues semaines fin 2019 et début 2020.
C’est aussi en raison de la fermeté des positions de la confédération dans ce combat que plusieurs syndicats de la RATP avaient décidé de se regrouper sous la bannière FO en avril 2021. FO a su entendre et soutenir les salariés de la RATP dans leur action illimitée lors du conflit des retraites, a rappelé Laurent Djebali, secrétaire général du jeune syndicat. Lors des dernières élections, en novembre 2021, FO-Groupe RATP est devenu la deuxième force syndicale de la Régie des transports parisiens.
65 ans, c’est inconcevable
Reste que le chef de l’État, réélu en avril dernier, entend toujours réformer les retraites, ce qui risquerait de se traduire par un nouveau recul de l’âge de départ, l’allongement de la durée de cotisation et la remise en cause des 42 régimes existants.
Travailler jusqu’à 65 ans, ce n’est pas possible a prévenu Gabriel Gaudy, secrétaire général de l’union régionale FO d’Ile-de-France. Le gouvernement nous propose de repousser l’âge de la retraite à 65 ans, bientôt ce sera 70, a alerté de son côté Marie-José Defrance, permanente syndicale à l’Insee. Soixante-deux ans est la limite à ne pas dépasser. Pour certaines catégories de travailleurs, aujourd’hui confrontés à un emploi pénible, cela fait courir des risques de dégradation de leur santé.
Lors de la présentation du rapport d’activité, le secrétaire général sortant Yves Veyrier a appelé à commencer par bloquer le recul de l’âge de départ à la retraite, même si le retour à un départ à 60 ans restait une aspiration pour FO. Soixante-deux ans et 43 années de cotisations c’est déjà trop (…) ce n’est pas aux salariés de payer le quoi qu’il en coûte, a-t-il insisté.
Plusieurs délégués sont intervenus dans ce sens. On sait que la majorité prépare une retraite à 65 ans, on doit déjà bloquer la machine infernale a lancé Patrick Hébert, ancien secrétaire général de l’UD de Loire-Atlantique.
Une nouvelle mobilisation pour bloquer toute réforme a été envisagée par plusieurs délégués. On pourrait reprendre le combat à la rentrée, a expliqué Christelle Auster, secrétaire générale du SNPNC-FO, premier syndicat chez les hôtesses de l’air et stewards, qui se bat contre la disparition de la caisse de retraite spécifique à la profession.
Nous sommes prêts à appeler à nouveau à la grève pour défendre notre régime de retraite a assuré de son côté Madjid Metarfi de la SNCF. L’une de nos premières décisions pourrait être de construire un rapport de force pour défendre notre système de retraite, a proposé de son côté Laurent Djebali.
Préparer le rapport de force
Le secrétaire général de FO-Groupe RATP a appelé à la solidarité collective. Cette réforme voulue par Emmanuel Macron s’accompagnera sûrement de moments difficiles et exigera du courage (…) la RATP et la fonction publique ne peuvent pas se battre seuls, a-t-il prévenu. Philippe Herbeck, secrétaire général de FO-cheminots, a pour sa part rappelé qu’il n’y avait pas de place à la résignation et au fatalisme. La mobilisation par la grève a payé, a-t-il rappelé. Regrettant qu’une partie de la population ait fait grève par procuration il a appelé à militer pour l’implication de tous pour la défense de tous.
Dans sa réponse aux délégués, le secrétaire général sortant Yves Veyrier a lui aussi appelé, s’il le fallait, à créer les conditions pour que l’ensemble des salariés rejoignent l’appel à la grève, notamment en expliquant clairement les raisons pour lesquelles FO est opposé au projet de réforme. Si on est très nombreux en grève, elle ne dure pas longtemps, très vite on est entendus et très vite la grève s’arrête, a-t-il rappelé.
Dans sa résolution générale, le congrès réitère son refus du système par points et du recul de l’âge de départ : Le congrès réaffirme qu’il n’y a rien à négocier sur le recul de l’âge de départ en retraite et la remise en cause des droits. C’est la raison pour laquelle préparer le rapport de force est indispensable, par la grève, pour faire échec au plan du gouvernement.
C’est ce qu’a réaffirmé, lundi matin sur RTL, Frédéric Souillot, élu secrétaire général le 3 juin : Si la réforme des retraites est la mère des réformes, pour FO, la combattre sera la mère des batailles.
Clarisse Josselin, Journaliste à L’inFO militante