Après dix ans d’expertises IGAS, la prévention reste le parent pauvre de la santé au travail. Les cadres, moteurs de la transformation des organisations, doivent exiger une ambition renouvelée.
Au terme d’une décennie d’investigations et de recommandations, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dresse un constat lucide : malgré la multiplication des rapports et une réforme structurante portée par la loi du 2 août 2021, la santé au travail demeure un chantier inachevé, particulièrement pour les cadres salariés.
Des risques professionnels en mutation, une prévention à la traîne
Les rapports IGAS soulignent la diversité croissante des risques professionnels – psychosociaux, exposition à l’amiante, désinsertion liée à la maladie, perturbateurs endocriniens – et la nécessité d’une approche globale, décloisonnant santé publique et santé au travail. Pourtant, la prévention primaire reste insuffisamment structurée et financée, alors même que la charge mentale et l’intensification du travail frappent de plein fouet l’encadrement.
Des moyens en baisse, une attractivité en crise
L’IGAS pointe une réduction continue des moyens humains et financiers dédiés à la médecine du travail, aggravée par la difficulté à recruter et fidéliser les médecins du travail. Cette attrition fragilise l’accompagnement des cadres, souvent confrontés à des exigences accrues de reporting, de transformation numérique et de gestion des équipes à distance.
Réforme 2021 : une ambition, mais des résultats à concrétiser
La loi de 2021 a posé les bases d’une refonte des services de santé au travail, misant sur la pluridisciplinarité et la contractualisation avec l’État et la Sécurité sociale. Mais l’IGAS alerte sur la lenteur de la mise en œuvre et le manque d’appropriation par les entreprises, en particulier les PME, où nombre de cadres exercent des responsabilités transverses sans bénéficier d’un accompagnement adapté.
Pour le SNFOCOS : un rôle moteur à réaffirmer
Face à ces constats, les cadres doivent peser dans le dialogue social pour :
-Exiger l’effectivité de la prévention primaire et des moyens dédiés à la santé au travail.
-Valoriser leur rôle clé dans la diffusion d’une culture de prévention et l’innovation organisationnelle.
— Revendiquer une offre de services adaptée à leurs réalités, intégrant risques psychosociaux, télétravail et transitions professionnelles.
Sources :
Rapport d’expertise sur la réforme de la santé au travail | Igas : https://www.igas.gouv.fr/rapport-dexpertise-sur-la-reforme-de-la-sante-au-travail
Une décennie de rapports de l’Igas consacrés à la santé au travail :https://www.igas.gouv.fr/une-decennie-de-rapports-de-ligas-consacres-la-sante-au-travail