La désertification médicale en France atteint des niveaux critiques, notamment en dermatologie. Face à cette urgence, les pharmaciens se positionnent comme une solution clé grâce à leur maillage territorial unique et leur proximité avec les patients.

En 2022, la France comptait seulement 3.752 dermatologues, soit une densité moyenne nationale de 5,9 pour 100.000 habitants. Cette pénurie est particulièrement marquée dans les zones rurales, où l’accès aux soins spécialisés devient de plus en plus difficile. Les conséquences sont graves : retards dans la détection précoce et le traitement des pathologies dermatologiques, avec jusqu’à 243.000 nouveaux cas de cancer de la peau diagnostiqués chaque année.

Avec plus de 20.000 officines réparties sur tout le territoire, les pharmaciens représentent souvent le premier point de contact pour les patients. Leur rôle s’est élargi ces dernières années, incluant la réalisation de tests rapides d’orientation diagnostique et la participation à des campagnes de vaccination. Ces nouvelles missions démontrent leur capacité à répondre rapidement et efficacement aux besoins de santé publique.

Pour maximiser leur contribution, plusieurs pistes sont envisagées. Tout d’abord, il est crucial d’intégrer des modules de dermatologie dans les programmes de développement professionnel des pharmaciens. Ensuite, favoriser la collaboration avec les dermatologues permettrait une prise en charge coordonnée des patients. De plus, l’utilisation d’outils technologiques, comme des applications et plateformes numériques pour des téléconsultations supervisées par des dermatologues, pourrait grandement améliorer la situation. Enfin, valoriser ces nouvelles missions par des incitations financières, surtout pour les officines en zones rurales, est essentiel.

Cette approche a déjà fait ses preuves dans d’autres pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, où les pharmaciens jouent un rôle actif dans la santé dermatologique. En France, permettre aux pharmaciens d’exercer de nouvelles missions pourrait considérablement réduire les délais de prise en charge et améliorer l’accès aux soins dermatologiques.