MATIS est attendu en remplacement d’un outil devenu obsolète, à l’infrastructure informatique d’un autre temps et sans possibilité de maintenance ; il menace de tomber en panne et de paralyser le Service médical.

Le SNFOCOS s’est démarqué en votant « pour » MATIS. Il n’y a pas d’amalgame possible avec une position « politique ou dogmatique » à l’occasion d’un vote technique sur un outil même perfectible dans sa phase de déploiement.

Cette position pragmatique ne nous interdira pas d’avoir un regard et une attitude plus critiques sur les déclinaisons régionales prises par certains directeurs sans « bienveillance managériale » de conduite du changement à l’écoute des contraintes locales d’organisation et de conditions de travail. Nul modèle, pensé « d’en-haut », ne devra s’abstenir de l’écoute des remontées des professionnels du terrain.

Nous serons encore vigilants dans la déclinaison de l’organisation « multi-canal et multi-acteur » qui ne doit pas remettre en cause l’Autonomie Décisionnelle du P.C. notamment sur l’orientation des dossiers et l’activité de convocation sur personne.

Bruno Gasparini, Secrétaire Général du SNFOCOS

 

 

Monsieur le Président,

On ne peut pas être contre l’outil qui remplace le Titanic « Hippocrate ». Hippocrate est obsolète pour de multiples raisons liées à l’irruption depuis 10 ans de la numérisation, de la nouvelle stratégie IJ basée sur les signalements de la RU, pour son absence totale à l’heure de l’informatique de structuration du dossier et de possibilité de pilotage de notre activité. Il est impossible dans un instancier Hippocrate de prioriser les dossiers urgents comme les 324.1 pour ouverture des droits au-delà des six mois en attente de signature. Il est impossible dans Hippocrate de travailler en portefeuille de professionnels de santé. Ce qui arrange la hiérarchie qui peut ainsi imposer le travail sur le flux.

Le problème n’est pas l’outil mais ce que l’on en fait.

Concernant la déclinaison en région et l’impact qui pourrait en découler sur les conditions de travail nous pourrions avoir au SNFOCOS une position plus raide au niveau des votes des CSE régionaux.

Notamment, si le déploiement de Matis par les DRSM est le cheval de Troie d’une organisation pénalisante pour les P.C… C’est malheureusement ce que l’on observe régulièrement sur le terrain. Vous nous présentez ici la vitrine, dont on peut au CSEC vous faire crédit, et nous découvrons après en région l’envers du décor.

Bien moins réjouissant.

Au-delà de nos réserves sur la mise en œuvre de la territorialisation, des stratégies multi canal et acteurs par les DRSM, le SNFOCOS aura en région un point d’attention majeur sur le respect de l’Autonomie Décisionnelle du P.C, notamment sur l’orientation des dossiers selon leur enjeu, le choix des dossiers à convoquer et le nombre de vacations que le P.C. juge nécessaire à cette activité de « convocation sur personne » !

Il faut arrêter d’avoir en DRSM des notes de service techniques qui disent comment travailler : pour enlever du sens au travail, il n’y a pas de meilleur moyen. Il faut faire confiance aux équipes.

C’est ce qui nous apparait important car la gestion des IJ est à la fois hautement politique et impactant sur l’organisation du travail.

Revenons sur l’outil MATIS.

Les équipes PA et ISM se sont bien approprié l’outil :

Il y a eu sur le terrain les adaptations et ajustements nécessaires.

Nous attirons votre attention sur des points de vigilance pour les praticiens conseils :

–         Le premier et majeur est le management des équipes médicales :

Vous l’avez écrit dans votre document pour le CSEC nous n’inventons rien.

–         Etre vigilant au traitement du premier dossier qui peut s’apparenter à un désert pour un œil non averti, qui sort de la jungle des données Hippocrate et n’aura pas accès en 2023 avec Matis à l’historique de l’assuré. Certes, l’historique perdurera sur Hippocrate mais ce remplissage du dossier vierge peut être un écueil.

–        La double utilisation pour les P.C. d’Hippocrate et de MATIS lors des convocations se traduit par des « copier-coller » multiples avec un rapatriement de Word en plusieurs fois. Ce sera nécessaire même après le déploiement de la version 2.1.3 pour les avis sur consolidation et stabilisation. C’est très lourd. Ce sera un élément fort de rejet de l’outil par les équipes médicales dont le « copier-coller » ne peut pas être le cœur de métier.

–        La structuration du rapport médical : imposer des cadres de rédaction pour obtenir un rapport pour la CMRA qui se veut parfait pourquoi pas ? Il est vrai qu’il y a des correcteurs d’orthographe aboutis, mais soyons clairs c’est rebutant au premier abord et cela peut générer de la souffrance.

Vous avez évoqué dans votre document le terme « management bienveillant » nous y serons très attentifs car c’est un facteur d’un déploiement réussi.

Cela veut dire donner du temps aux médecins conseils pour la phase d’appropriation. Cela veut dire préparer par les TSM les dossiers en amont du traitement par les M.C. et accompagner les P. C. en aval.

Nous avons une conviction au SNFOCOS : dès lors qu’on fédère les équipes autour de la gestion des arrêts de travail CSAM PC ISM TSM, on arrive à avoir des M.C. qui ont des dossiers préparés (PIT, CMA.DAT, CMI…) et des équipes performantes parce qu’elles ont travaillé ensemble.

Cela veut dire :

  • pas de dogme en DRSM du genre pas d’interaction entre les acteurs. La fluidité est nécessaire entre TSM, CSAM, ISM et MC.
  • accepter au départ de développer à certaines dates clés de la durée des arrêts de travail une stratégie médicalisée reposant sur un chef d’orchestre : le MC.

Le traitement actuel de la RU avec orientation des codes vers les différents métiers génère un travail en silo qui va à l’encontre d’une stratégie multi acteurs fluide et acceptée de tous.

Grandes sont les attentes vers Matis ! Faut-il revenir sur les insatisfactions, les frustrations et parfois la détresse de nos collègues des premières régions expérimentatrices ?

La direction de la CNAM doit s’engager à chaque étape du déploiement- et notamment à celle du déploiement des échelons pilotes – à informer régulièrement le CSEC sur des modalités à définir ensemble dès aujourd’hui.

Nous ne voudrions pas que l’application concrète sur le terrain, sachant que la situation peut être très hétérogène en région, soit une douche froide alors que nous engageons notre responsabilité.

Cela ne pourrait que renforcer le malaise de nos confrères et collègues de l’institution qui ont déjà le sentiment d’appartenir à une minorité de sacrifiés.

Nous ne donnons pas par ce vote favorable au CSEC au déploiement de Matis, un blanc-seing aux régions.

La généralisation de Matis doit conforter les équipes PA, et notamment TSM, à se positionner en appui du M.C. dans le remplissage du rapport médical. Cela ne générera pas les économies attendues par certains mais renforcera l’efficience de tous.

La généralisation de Matis doit permettre de stopper la politique délétère régionale qui transforme PC et ISM en téléconseillers, en affirmant le rôle de chef d’orchestre du M.C. et en privilégiant d’autres actions.

 Les représentants SNFOCOS des Praticiens Conseils