L’Apec a publié le 12 mars 2024 une étude portant sur le point de vue des cadres vis-à-vis du télétravail et le site « Vie publique » titre le 15 mars « Tétravail : un nouveau rapport au travail ? » .

L’ordonnance du 22 septembre 2017 a reconnu un « droit au télétravail« , en a précisé l’ancienne définition et les modalités de mise en œuvre : recours au télétravail occasionnel reconnu, un accident intervenant pendant les heures de travail sur le lieu où est exercé le télétravail est présumé être un accident du travail, l’employeur doit motiver son refus d’accorder le télétravail à un salarié dont le poste est éligible à un mode d’organisation en télétravail.

C’est l’accord national interprofessionnel (ANI) du 26 novembre 2020 intervenu dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19 qui a conduit nombre d’entreprises à mettre en place des solutions de travail à distance dans les emplois qui le permettent : 390 accords télétravail en 2017; 4 070 accords en 2021 (source Dares en novembre 2022). Un salarié sur deux est exclu de la possibilité de télétravailler, étant donné la nature de son emploi (source Insee mars 2022).,

Les cadres sont 69% à considérer que le télétravail comporte plus d’avantages que d’inconvénients (74% chez les moins de 35 ans) : gagner du temps, notamment sur les transports ; être plus efficace ; gagner en flexibilité et en responsabilité ; améliorer sa qualité de vie ; rester motivé… Parmi les inconvénients : difficulté à séparer vie privée et vie professionnelle, risque d’une sédentarité accrue et d’adoption de postures du tronc prolongées et inconfortables ou encore d’une augmentation des risques psychosociaux comme l’isolement social et celui d’être trop connecté.

Les cadres ont désormais de l’expérience en vis-à-vis du télétravail et 70% d’entre eux déclarent adapter leurs activités en fonction de leurs jours de présence ou non dans l’entreprise.

Pour les entreprises, le télétravail engendre moins de retards, d’absentéisme et plus de productivité. Pourtant, certaines voix seraient favorables à un retour plus conséquent en présentiel, notamment pour favoriser le « contrôle managérial » qui se serait dégradé ces dernières années.

S’agit-il d’un nouveau rapport au travail ?

Selon pôle emploi, le niveau de satisfaction des actifs par rapport à leur travail repose davantage sur des critères de carrière, de reconnaissance professionnelle, de sens attribué au métier que sur des modes d’organisation du travail. Cependant le télétravail comme mode d’organisation semble désormais durablement implanté et une majorité de cadres déclarent qu’ils auraient du mal à revenir en arrière.

Une « situation d’injustice » est potentiellement ressentie par les salariés dont la nature de l’emploi est incompatible avec le télétravail. Ce sentiment d’exclusion pourrait avoir un impact sur la santé des non-télétravailleurs et, par conséquent, sur le « collectif de travail ».

Quel impact dans les organismes sociaux ?

Le déploiement est formalisé par un cadre national.

Chaque organisme définit dans ce cadre la manière dont il propose du télétravail à ses collaborateurs.  En 2023, selon « la sécu recrute » le télétravail s’est progressivement étendu et concerne aujourd’hui plus de 80% de nos effectifs (combien de cadres ?).

L’engouement pour le télétravail et l’obtention de davantage de jours de télétravail peuvent aussi être liés à des difficultés à travailler sur site. De même, le télétravail est plus ou moins bien vécu selon la façon dont il est organisé et contrôlé. Globalement pour le personnel de la Sécurité Sociale l‘impact du télétravail semble identique aux résultats mesurés dans les études évoquées : ce n’est pas un vecteur de changement radical du travail.

Mais syndicalement, l’action est rendue plus complexe. L’extension du télétravail bouscule les pratiques en créant un risque de renforcement du pouvoir de l’employeur du fait de l’’éloignement entre les salariés et les représentants syndicaux.

Pour le SNFOCOS, les représentants syndicaux doivent en vue de s’adapter aux situations de télétravail obtenir les moyens de rester en contact avec les télétravailleurs pour les connaître, les rencontrer et les défendre dans leurs intérêts individuels et collectifs et vérifier leurs conditions de travail.

Jocelyne Lavier d’Antonio pour le SNFOCOS