• Le chassé-croisé des agents et des micros, la révolution du télétravail

Bureaux vidés de leurs agents et de leur matériel, télétravail de masse, puis premiers retours avec le déconfinement, et de nouveau départ en télétravail car la rentrée ne sera pas le retour à la normale tant attendu et que travailler sur une plateforme avec un masque, ce n’est pas évident. Et des portables livrés en masse, compatibles Windows 10 mais avec des applications qui ne le sont pas toutes : il n’y a pas que le COVID qu’on teste.

Et piloter des bureaux vides, malgré les formations ce n’est pas si simple, tant les liens sont difficiles à établir. Le télétravail explose partout dans le monde, et on ne pourra pas revenir en arrière : nos protocoles sont déjà dépassés, il est nécessaire de les remettre en négociation et surtout de se donner une marge d’appréciation managériale locale pour faire face aux temps perturbés qui nous attendent dans les prochaines semaines.

  • « Quoi qu’il en coûte » mais à quel prix ?

On paye, on paye, on paye. Les FAQ s’allongent, avec leur lot d’exceptions, de dates d’application, de transmission au dernier moment pour paiement … Disons hier ?

Et pourtant les assurés s’inquiètent, protestent, vitupèrent au téléphone. C’est vrai qu’on a du mal à payer, les agents croulent sous la charge, les retards s’accumulent.

  • Morosité

Où se sont confinées la bonne humeur, la convivialité, la relation humaine ? Elles n’ont pas repris le chemin de l’entreprise. Prendre un café avec ses collègues, quand ils sont là, est devenu un plaisir coupable ; difficile de le boire avec un masque il est vrai. Il va falloir repenser les accords QVT.

  • Doute existentiel

Est-ce que nous existons encore ? Une part de nos agents a découvert avec les premières semaines du confinement qu’ils n’étaient pas « essentiels ».

Les autres commencent à se poser des questions.

Avec le déconfinement est arrivé le contact tracing et, si le caractère essentiel de la mission ne fait pas de doute, il faut bien dire qu’on ne parle plus que de ça. Autrement dit, les autres n’existent plus.

Pour les personnes qui se sont portées volontaires, l’enthousiasme s’épuise dans le 7 jours sur 7, la contrainte des 4 H pour appeler les assurés, qui mobilise les agents : mais il faut être là au cas où, samedi, dimanche, soirée.

L’enthousiasme s’épuise aussi devant une gestion de 15J en 15J, où on ne peut rien prévoir sur ce qu’on fera demain, ni le sort des activités (et donc potentiellement de clients) qu’on a dû délaisser pour répondre à un appel au volontariat. Et quand on est dans un secteur non prioritaires se sent-on vraiment le choix ?

  • Passer du court terme au moyen terme

Même si personne dans le monde ne sait de quoi demain sera fait, même si on ne demande pas à notre caisse nationale de se transformer en diseuse de bonne aventure, nous avons maintenant besoin, pour ne pas imploser, d’avoir une vision au moins pour la fin de l’année

De nouvelles priorités ont été définies mais ça n’empêche pas de se demander jusqu’à quand et quel sera l’avenir de certains métiers puisqu’ils ne sont pas essentiels ? La conscience professionnelle, l’investissement dans les activités, sont encore répandue dans nos organismes.

  • Ne pas faire payer aux agents des résultats dégradés

Depuis mars, nos résultats CPG et nos résultats intéressement sont fortement perturbés. Le CPG réaménagé est bousculé par le rebond de l’épidémie. Voire, il sera neutralisé.

Les agents subissent la situation, et les organismes essaient de se caler au mieux sur des directives changeantes.

Il nous faut espérer que l’intéressement ne subira pas une épidémie dévastatrice à la baisse. Ce serait très mal vécu.

  • Reconnaitre les limites de l’ETPMA : la quadrature du cercle est inatteignable

2020 nous montre les limites d’une diminution constante de nos effectifs. Les marges de manœuvre s’étiolent et quand la production de normes ne se tarit pas en parallèle, nous risquons de mourir, dans une bonne santé de façade : oui nous réussirons le contact tracing, mais nous perdrons la confiance de nos mandants si nous n’arrivons plus à rendre les services de base.

Les résultats se dégradent aussi dans le réseau parce que dans un contexte où nous arrivons à peine à réaliser nos missions, nous devenons dans l’incapacité de prendre une nouvelle mission sans dégrader notre service.

Le taux de remplacement uniforme pour l’organisme met en péril les métiers peu prisés ou les services de back office essentiels en concentrant les recrutements sur le front office.

La GPEC est mise à mal par l’ETPMA  et les incertitudes liés aux départs en retraite à effectif réduit, gérer les départs, les tuilages, les recrutements devient la quadrature du cercle. Surtout quand la cible de recrutement est mouvante au jour le jour.

Au final : fatigué est sûrement l’état d’esprit qui nous caractérise le plus, même si nous allons toujours de l’avant : vers où ?

 Cécile Dolomie, Secrétaire Nationale en charge de la Branche Maladie et des ADD