Le 14 octobre dernier s’est tenue une bilatérale entre le COMEX et les organisations syndicales sur les revendications des travailleurs sociaux. Une rencontre que nous attendions avec espoir, mais qui s’est soldée par la même rengaine habituelle : de belles paroles creuses et aucun engagement concret.

L’art de l’esquive

Face aux revendications légitimes de nos 3 500 travailleurs sociaux (aux ¾ des assistants de service social) des CAF, CARSAT et UGECAM, le Président du Comex « comprend » mais ne se positionne pas sur la légitimité de nos demandes.

Rappelons les faits : les travailleurs sociaux, diplômés de niveau bac+3, restent coincés au niveau 5B de la classification avec un maigre 5% de progression annuelle dans le cadre de la RPMM socle. À ce rythme d’escargot, il faudra 20 ans pour accéder au niveau 5C et 40 ans au total pour atteindre le niveau 6 qui correspond à leur qualification réelle.

L’écart salarial : une injustice criante

Pendant que les travailleurs sociaux des conseils départementaux et du secteur associatif bénéficient de la prime Ségur et des primes d’accueil, nos collègues de la sécurité sociale subissent un écart de 500 euros nets mensuels en moyenne et jusqu’à 1 000 euros en fin de carrière. Une discrimination inacceptable que le gouvernement a pourtant les moyens de corriger.

Car oui, les 5 millions d’euros nécessaires pour financer ces mesures existent bel et bien. Cela représente 0,1 point d’inflation sur la masse salariale totale des 140 000 salariés « régime Ucanss ».

Des promesses en trompe-l’œil

Quand nous avons demandé clairement au représentant du Comex : « Vous engagez-vous à aller demander une enveloppe à Bercy pour financer le Ségur ? », sa réponse a été : « Je m’engage à aller à Bercy pour relater notre discussion ». Relater, pas porter, pas défendre, pas réclamer. Juste relater.

Cette posture d’évitement s’inscrit dans la volonté de faire porter aux salariés les conséquences de l’austérité budgétaire en se cachant derrière le prétexte du « contexte gouvernemental actuel » pour justifier son inaction.

L’hypocrisie d’un système à deux vitesses

L’ironie de la situation atteint son paroxysme quand on sait qu’en 2022 et 2024, la même instabilité à permis d’accorder la prime Ségur aux travailleurs sociaux des conseils généraux et des associations, tout en excluant délibérément ceux de la Sécurité sociale.

Une discrimination pure et simple basée uniquement sur l’employeur, pas sur les compétences ou les missions.

Plus récemment encore, en mai 2025, l’État a débloqué 85 millions d’euros pour financer le « Ségur pour tous » dans le secteur associatif médico-social. Pendant ce temps, nos travailleurs sociaux de la sécurité sociale attendent toujours leur dû.

Une mobilisation qui s’amplifie

Face à cette situation, nos travailleurs sociaux ne restent pas les bras croisés. Des collectifs se sont constitués dans de nombreuses Caf, suivi plus récemment par les Carsat. Les pétitions circulent et recueillent des centaines de signatures. Les courriers se multiplient auprès des tutelles, du ministère du Travail et de toutes les instances décisionnelles.

Le SNFOCOS a porté ces revendications à tous les niveaux : rencontres au ministère des Solidarités et des Familles en août 2023, courriers à la ministre de la Santé et de la Solidarité en juillet 2025, réunions régionales regroupant des travailleurs sociaux de CAF, CARSAT et même MSA. La mobilisation se structure, s’organise et prend de l’ampleur.

Nos revendications : claires et non négociables

Le SNFOCOS réaffirme avec force les revendications portées depuis deux ans :

Attribution immédiate de la prime Ségur par l’octroi de points supplémentaires, comme cela a été fait pour les autres secteurs

Accès direct au niveau 6 pour tous les travailleurs sociaux, en reconnaissance de leur diplôme de niveau bac+3 et de leurs compétences réelles

La classification : un écran de fumée

Lors de la bilatérale, le Comex a tenté de détourner le débat vers la nouvelle classification et ses hypothétiques parcours vers les niveaux 5C et 6. Une manœuvre dilatoire que nous connaissons bien.

Le SNFOCOS l’a dit clairement : ce n’est pas le sujet. Nous ne nous laisserons pas embobiner par des perspectives lointaines et incertaines quand des mesures immédiates et justes sont possibles dès maintenant.

La détermination du SNFOCOS

Le président du COMEX peut bien continuer à « comprendre » sans agir, à « relater » sans défendre, à parler beaucoup sans répondre. Le SNFOCOS, lui, reste déterminé et pragmatique. Nous continuerons à porter la voix de nos 3 500 travailleurs sociaux partout où c’est nécessaire.

Les 5 millions d’euros existent. L’enveloppe budgétaire est dérisoire au regard du budget global de la Sécurité sociale. Ce qui manque, ce n’est pas l’argent, c’est la volonté politique d’aller le chercher à Bercy.

Alors oui, aujourd’hui, c’est Nicolas qui paye… PAS. Mais demain, grâce à la mobilisation collective et notre détermination syndicale, ce sera Bercy qui DEVRA payer. Car les travailleurs sociaux de la sécurité sociale méritent la même reconnaissance que leurs collègues des autres secteurs. Et le SNFOCOS ne lâchera rien tant que justice ne leur sera pas rendue.