Madame la Directrice,
Vous nous présentez aujourd’hui le programme de négociation prévisionnel pour 2023.
Force est de constater que le COMEX ne semble pas avoir pris la mesure de l’actualité et des demandes émanant du personnel que les organisations syndicales relaient depuis plusieurs mois.
D’emblée, nous ne pouvons pas entendre que la négociation salariale soit en pause. Le personnel est confronté dans son ensemble à une situation inflationniste inédite et les mesures proposées par l’employeur en 2022 ont été soit insuffisantes (une revalorisation de la valeur du point de 3,5% malgré une inflation de plus de 6% et un supplément d’intéressement au montant insuffisant pour absorber le surcoût supporté par les salariés empruntant leur véhicule personnel), soit inadaptées (les mesures bas salaires n’ont fait que contribuer au tassement des salaires).
Il est urgent d’agir et d’offrir au personnel un signe fort de reconnaissance financière.
Ensuite, et c’est dans le prolongement du point précédent, des revendications catégorielles se multiplient. C’est à la fois le fruit de l’individualisation croissante des mesures salariales, prônée et assumée par le COMEX depuis plusieurs années, et la démonstration de la détérioration du dialogue social. En portant, contre l’avis de la majorité des organisations syndicales, un projet de classification sous financé et privilégiant une attractivité idéalisée au détriment de la fidélisation, en dégageant une doctrine visant à limiter les moyens des élus et à mener un contrôle d’opportunité sur les accords locaux, le COMEX a fait le lit de collectifs ad-hoc voulant représenter les intérêts professionnels de tel ou tel groupe de salariés. Il est nécessaire de relancer sans délai les négociations relatives aux classifications pour dégager des lignes directrices communes prenant en compte d’abord les salariés actuels dont il faut reconnaître l’investissement et ensuite les futurs salariés en faisant émerger des perspectives professionnelles. Il est tout autant nécessaire que le COMEX cesse de rogner les moyens des élus et d’entraver le pouvoir de négociation, tant localement que nationalement. Un accord signé doit être la loi des parties dès lors qu’il n’est pas frappé d’opposition, il n’est pas normal que la volonté commune des négociateurs puisse être remise en cause hors le cadre normal des négociations.
Évidemment, il faudra aussi que les négociations retiennent les leçons des précédentes négociations et notamment la forte demande de reconnaissance des identités professionnelles, un des ferments des revendications des salariés, d’abord des plus hautement qualifiés, qui sont les ressources humaines stratégiques pour l’institution. Ces derniers s’intéressent en effet en priorité à leur place dans l’organisation, à leurs activités, à la reconnaissance de leurs décisions et au maintien de leur autonomie.
Vous l’aurez compris, le statut de cadre mérite d’être pris en compte et surtout homogénéisé pour faire cesser les différences de traitement entre branches et/ou entre organismes, aussi bien pour les managers que pour les cadres techniques.
Chafik EL AOUGRI, Secrétaire National du SNFOCOS en charge des affaires juridiques, de la formation professionnelle et de l’assurance santé complémentaire