Depuis le 80 km/h, les français ont la jaunisse, attention au rond-point glissant.

A la désindexation des pensions Retraite et la « CSG spécial senior », l’Etat fait correspondre l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires et « augmente virtuellement le Smic de 100€ » creusant un peu plus la fracture générationnelle et instaurant une solidarité inversée entre Retraités et Actifs.

Dans le périmètre des CAF,  il nous semble important de décrire les impacts de l’annonce du gouvernement d’augmenter les seuils autorisant un droit à la prime d’activité (PA).

Il n’y a pas d’augmentation du Smic de 100 €, comme certains raccourcis le laissent supposer ; il y a une hausse des seuils de calcul de la PA. Les employeurs ne procèdent à aucune augmentation de salaires. Tout comme les hausses du pouvoir d’achat se font sur la baisse des cotisations sociales, sans augmentation du salaire brut. Conséquence : salaires fixes, moins de cotisations = moins de moyens pour financer la Sécurité sociale, au moment où la PA augmente en valeur nominale et en nombre de bénéficiaires. Quel coût social ? Quel financement ?

L’État indique que la PA est une prestation 100% dématérialisée qui va réduire les coûts de gestion. Ce n’est qu’en partie vrai : l’injection de la demande est numérique, par contre son traitement n’est pas automatique. Dans 70 % des cas, un gestionnaire intervient manuellement pour traiter une prestation de toutes natures. Ainsi, formuler des plans nationaux de réduction de postes est une vision budgétaire qui met sous tension les conditions de travail qui se dégradent. En effet, les rythmes de restitution de postes (un sur 2 suivant les branches de la Sécurité sociale) est plus rapide que les gains de productivité réellement constatés.

Le taux de recours à la PA s’envole : 50% à son lancement (contre 32% pour la prestation qu’elle remplace) ; 73% en 2017 ; depuis l’annonce du gouvernement, le nombre de demandes est de +600 % en janvier 2019, comparés à janvier 2018.

Non compensée, la charge supplémentaire a de lourdes conséquences :

  • pour les salariés des CAF: pression productiviste, retard, sentiment de travail mal fait, …
  • pour l’allocataire : à moyen humain constant ou en diminution, la priorité de traitement est donnée aux minima sociaux (RSA, AAH), les autres prestations familiales risquent d’être pénalisées lors des retards, et l’afflux non maîtrisable de demandes de PA va tendre les délais de traitement, fragilisant potentiellement les autres prestations ;

La décision du gouvernement sur la PA n’a pas été ni concertée (CNAF, CAF, Conseil administration) ni compensée (en moyens) et ni anticipée (en paramétrage informatique et en gestion).

Le Comex et l’UCANSS n’envisagent même pas une « prime Macron » à la fin mars 2019 ; les salariés sont rudement mis à contribution : réduction des effectifs, gel des salaires et dégradation des conditions de travail.

En réponse, une grève nationale le 29 janvier 2019 couvrira les 150 000 salariés de la Sécurité sociale pour faire face au plus grand mépris du Gouvernement qui demande plus, avec moins et sans aucune reconnaissance.

Au-delà, d’une équitable rémunération et de meilleures conditions de travail, le SNFOCOS défend un niveau et une qualité de couverture de la Sécurité sociale des citoyens de demain.

Bruno Gasparini, Secrétaire national du SNFOCOS en charge de la Branche Famille et de l’Encadrement, snfocoscaf13@gmail.com