La stratégie mise en place par le gouvernement

Alors que le déconfinement est devenu effectif depuis le 11 mai dernier, le virus circule encore et tout doit être fait pour casser les chaînes de contamination afin d’éviter un nouveau confinement. L’enjeu actuel est donc de contrôler dès la source, toute apparition de nouveaux foyers (ou « clusters ») qui se traduiraient par autant de chaînes exponentielles de contamination.

A cette fin, le gouvernement a élaboré une stratégie de déconfinement basée sur un système de vigilance sanitaire, puis en a confié le rôle pivot à l’Assurance Maladie; un organisme qui par ses moyens et le savoir-faire de son personnel, s’avère le mieux à même de réussir cette mission.

La stratégie de vigilance sanitaire repose sur la mise en place de brigades sanitaires départementales, appelées plus couramment «  brigades covid ». Elles sont chargées d’identifier les personnes atteintes par le coronavirus et de circonscrire l’apparition de nouveaux foyers d’infection ; à cette fin, leur  activité s’articule en trois étapes :

  • identifier les personnes ayant contracté le covid, dans cette mission le rôle du médecin traitant est essentiel, car lui seul rend possible l’identification du « contact 0 » et de son proche entourage.
  • enquêter ensuite auprès de ces malades afin d’identifier l’ensemble des individus avec qui ils ont eu récemment des contacts rapprochés (que l’on appelle « cas contact ») et qui sont « potentiellement » contaminés.
  • appeler ces « cas contact » afin de les prévenir du risque de contamination, puis de les faire entrer dans un processus de suivi médical (test et isolement avec arrêt de travail, si ce test s’avère positif).

L’ensemble de ces informations est ensuite analysé dans un échelon supérieur par les Agences Régionales de Santé et Santé Publique France. La synthèse de ces travaux rend possible la localisation précise de toute apparition de foyers de contamination (clusters), puis permet d’en limiter l’extension par une politique de test et de suivi sanitaire.

Et à la CPAM 92

A l’instar de ses homologues de l’Assurance Maladie, La Caisse des Hauts-de-Seine a mis en place une « plateforme Covid » sur le site de Nanterre lors de la semaine du déconfinement ; celle-ci est devenue opérationnelle en quelques jours, après une formation expresse des agents.

L’encadrement et le noyau dur des effectifs des plateformes sont constitués de personnels ayant déjà une large expérience des relations avec les professionnels de santé et les assurés, ainsi que de l’accueil physique ou téléphonique. Ce personnel dédié est composé des agents volontaires gérant la PFIDASS (Plate-Forme d’intervention Départementale pour l’Accès aux Soins et à la Santé), des conseillers de l’Assurance Maladie, des conseillers informatique service, des délégués de l’Assurance Maladie, des agents d’accueil et du centre d’examen de santé, de chargés de prévention et enfin des téléconseillers. Pour étoffer ce « noyau dur », un appel aux volontaires, issus d’autres services de la Caisse, a été inséré dans l’intranet local.

La formation a débuté sur site durant la première semaine de mai, d’autres sessions ont été réalisées la seconde semaine, toujours sur site ou par visioconférence. Il est prévu d’organiser de nouvelles formations, au fur et à mesure de l’apport de nouveaux volontaires. En son état actuel, la plateforme « covid » comprend 170 agents structurés en trois brigades distinctes, mais « perméables » entre elles afin de permettre les bascules de personnels  permettant de répondre aux flux d’activité.

Les missions confiés aux agents sont : les appels au « patient 0 », les investigations sur les « cas contact », les appels aux « cas contact ». Une mission complémentaire est représentée par la gestion des appels entrants (assurés et professionnels de santé) ce qui rendra possible le traitement de toutes demandes ou questions éventuelles

Compte tenu de l’urgence sanitaire, la plateforme « covid » à vocation d’être opérationnelle de 8h à 19h, 7 jours sur 7 ; les heures de travail du week-end end seront majorées de 50 % le samedi et de 100 % le dimanche. Les agents appelés à travailler au-delà des plages horaires définies bénéficieront de rémunération en « heures supplémentaires ».

Le SNFOCOS est naturellement favorable à toute action permettant de réduire la  pandémie. Cependant, dans la mesure où il s’agit de structures montées en urgence, nous devons être très vigilants sur les modalités de recrutement et de fonctionnement de ces plateformes.

 Notre vigilance devra s’exercer dans deux directions :

  • Le recrutement des agents amenés à constituer ces plateformes.

La  nature très sensible des informations véhiculées et le strict respect du secret médical sont incompatibles avec le recrutement de personnel extérieur en CDD. Concernant les agents de la CPAM, ceux-ci ne devront être recrutés que sur la base du strict volontariat (assorti d’une possibilité de rétractation).

  • Les conditions de travail des agents.

Les plateformes représentant une structure d’urgence appelée à fonctionner 7 jours sur 7 et sur une très large plage horaire, cela pose le problème du travail le dimanche et de la journée de 12 heures. Nous resterons vigilants sur le temps de travail et son indemnisation, notamment lorsqu’il sera effectué en télétravail. Enfin, la constitution des brigades « covid » va signifier une baisse importante des effectifs pour une charge constante ; nous resterons donc attentifs pour que cela ne se traduise pas par une dégradation des conditions de travail sur la Caisse.

Gilles BONGRAIN, Membre de la Délégation Régionale Ile de France (DRIF) du SNFOCOS