A chacune des réunions avec l’UCANSS nous demandions où en était la prime dite COVID pour les salariés de la Sécurité Sociale. La réponse que vous nous apportiez Monsieur le Directeur était invariablement la même : ce n’est pas à l’ordre du jour, le COMEX n’y a pas réfléchi.
Nous vous alertions à chaque fois aussi de notre revendication d’une négociation sur les modalités d’attribution de ces primes en mettant en avant l’unicité des personnels de la Sécu, l’unicité de leur Convention Collective Nationale, le tout sous l’égide légitime de l’UCANSS, fédération des employeurs.
Il a fallu attendre le 18 juin pour être convoqué à cette réunion d’information dans laquelle nous n’aurons rien à dire et qui se traduira par une décision unilatérale de l’employeur.
Monsieur Le directeur, cette manière de procéder reflète typiquement l’état du dialogue social à la Sécurité Sociale depuis quelques temps. Après la pause estivale et après la grande crise du COVID il faudra que les choses changent : le dialogue social doit être renouvelé.
- On ne pourra pas continuer à écrire des courriers qui n’obtiennent jamais de réponse ;
- On ne pourra pas continuer à négocier des mois des accords sans que nos propositions soient entendues ;
- On ne pourra pas continuer à découvrir des projets de fusion d’organismes sans aucune information ;
Pour revenir à cette prime, une fois encore vous allez créer des tensions entre les salariés qui ont tous souffert de cette crise et ont tous soutenu le service public. Certes il y a eu des situations différentes, mais non voulues par les agents : certains ont dû garder leurs enfants parce que l’Etat a fermé les écoles, d’autres ont continué à travailler avec leurs enfants ; certains ont continué à se rendre sur site, la plupart a travaillé à domicile ; d’autres n’ont pas pu télétravailler car l’employeur face à cette crise sans précédent n’a pu fournir de matériel ou de connexion ; d’autres encore ont dû se protéger car ils étaient à risque face à ce virus.
Nous ne demandions pas que chacun reçoive à égalité cette fameuse prime mais qu’au moins chacun fut récompensé à juste valeur car c’est toute l’institution qui a tenu, c’est tout un pays qui a tenu, jusqu’à celui qui est resté chez lui sur demande des autorités.
Vous allez donc nous annoncer qui aura et qui n’aura pas cette prime avec des règles d’attribution pour chaque branche. Nous vous redisons notre opposition à cette méthode qui remet en cause l’unicité des personnels de la Sécu, l’unicité de leur Convention Collective Nationale. L’UCANSS ne sert ce matin que d’estrade aux caisses nationales auxquelles elle passe successivement le micro. Nous vous préférons encore lorsque vous faites le prosélytisme de votre projet de classification dans de riches plaquettes pour le compte de toutes les caisses nationales.
A l’avance nous pouvons affirmer que les critères ne nous conviendront pas et en tout cas au moins celui que nous connaissons avant cette réunion à savoir que des branches ont choisi de donner peu à beaucoup quand d’autres donneront plus à peu de salariés. Il faudra sûrement des trésors d’ingéniosité à l’ACOSS et la CNAV pour attribuer une prime à un petit nombre de salariés quand on sait que ces deux branches ont eu le plus fort taux de télétravail.
Nous vous rappelons de plus le courrier que l’intersyndicale SNFOCOS-CFT-CGC vous a envoyé pour dénoncer l’exclusion de certains Agents de Direction de cette prime (les directeurs et les agents comptables, d’autres peut-être), rompant ainsi un peu plus avec l’unicité du personnel.
Ainsi, au sortir de cette crise sans précédent, cette prime qui aurait pu unifier les personnels qui ont fait bloc pour assurer le service public va très certainement virer au désenchantement.
Encore une occasion manquée.
Eric Gautron, Secrétaire national en charge de l’encadrement (twitter.com/EricGautron)