Vous appelez de vos vœux, l’engagement. Nous partageons et sommes convaincus qu’à ce jour, de nombreux collaborateurs sont déjà engagés et même au-delà de leur contrat.
Vous avez initié depuis quelques années, des groupes de travail dont l’objectif, en fil rouge, est de proposer des outils, des moyens pour développer l’engagement. Pour cela vous demandez aux équipes managériales de libérer la parole, de faire éclore l’intelligence collective…
Dans le même temps (cette expression est d’ailleurs de moins en moins à la mode) vous avez, contrairement à ce qui est affiché dans les communications à l’extérieur, où le chiffre de 12 000 collaborateurs est répété (cf: interview Thomas Saunier BFM), organisé la disparition de plus de 1 000 postes en une année (non remplacement des départs, licenciements, etc.).
Vous avez aussi renforcé l’individualisation des rémunérations, en faisant la part belle aux augmentations individuelles et aux primes lors des précédentes NAO, en déplafonnant les rémunérations variable d’une partie des collaborateurs…
Le tout, en expliquant la difficulté du contexte ; taux bas, unification des régimes de retraites, étatisation de la protection sociale…. et en étant souvent contradictoire ou paradoxal dans les faits :
- on priorise la prévoyance pour 2020 mais on profile une AG de 15% sur le portefeuille,
- on sanctuarise de gros moyens pour le développement de services complémentaires à notre activité mais lorsqu’on interroge nos clients c’est sur nos basiques que nous sommes déjà attendus,
- on dit vouloir développer la confiance mais on intensifie les process de vérification sur les déplacements ou l’utilisation des ressources,
- on veut responsabiliser à tous les niveaux mais la centralisation est toujours aussi forte (nous en sommes une illustration)…
En procédant ainsi vous avez créé des conditions angoissantes pour les collaborateurs qui, compte tenu des incertitudes sur leur avenir (sur lequel ni vous ni nous n’avons réellement de réponses) et qui de peur de se voir exclus des mesures individuelles ou pire, de se faire licencier, préfèrent se taire et exécuter.
Ces mesures individuelles maintiennent trop fortement le sentiment de compétition entre les salariés et favorise un climat délétère, impropre à la construction collective et à la dynamique d’équipe tant appelée de nos vœux.
Et pour les collaborateurs qui ne sont pas destinataires, depuis plusieurs années de mesures individuelles, comment sont-ils jugés par leurs collègues ?
Et pour ceux qui en sont plus systématiquement bénéficiaires, comment sont-ils perçus ?
Vous dites, vous-même, que vous souhaitez récompenser les salariés qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, ce qui suppose que dans le cas où l’objectif est de faire bénéficier d’une mesure individuelle à 50% des collaborateurs il y en aura donc 50% qui n’auront pas été considéré comme ayant donné le meilleur d’eux-mêmes. Plus inquiétant, les 27% de nos collègues qui n’en ont pas bénéficié depuis 3 ans…
Nous ne faisons pas l’apologie du nivellement systématique ou de l’indifférenciation des implications individuelles, mais comme dans la plupart des décisions, il s’agit de trouver le bon équilibre au bon moment.
Nous venons de traverser une longue période durant laquelle l’accent a été mis sur l’individu, il est donc temps de redonner, à travers une mesure collective visible, le sentiment d’appartenir à un ensemble.
Surprenez-nous !
Harold ABERLENC, Délégué Syndical SNFOCOS à Malakoff Humanis