Le rapport Libault sur la dépendance a été remis, comme annoncé, le 28 mars dernier à la Ministre des Solidarités et de la Santé.

Ce rapport de 228 pages propose 175 mesures pour « une politique nouvelle et forte du grand âge en France ».

Le SNFOCOS, particulièrement investi dans ce domaine et qui porte cette thématique de la dépendance et du grand âge au sein de la CAPSSA, est  particulièrement attentif aux mesures de financement prévues.

En effet, le rapport Libault propose de reconnaitre la perte d’autonomie comme un « nouveau risque de protection sociale » au travers de ses 175 mesures. Un redéploiement des moyens existants de la protection sociale est inévitable. 10 milliards d’euros par an seraient nécessaires pour le financement de la dépendance.

La Ministre l’annonce : « Je ne vais pas faire de détour, il nous faudra faire des choix ! » mais assure qu’il n’y aura pas d’impôt supplémentaire. Sans doute que dans les dépenses annuelles allouées à la protection sociale celles pour les retraites et la santé pourraient augmenter moins vite ou alors faudra-t-il demander aux Français de travailler un peu plus ! La solidarité nationale est donc privilégiée pour financer la perte d’autonomie.

En ce qui concerne les mesures en tant que telles, une dizaine sur les 175 sont des propositions clés pour passer de la gestion de la dépendance au soutien à l’autonomie :

  1.      La création d’un guichet unique pour les personnes âgées et les aidants dans chaque département,avec la mise en place des Maisons des aînés et des aidants2.      Un plan national pour les métiers du grand âge permettant notamment d’agir à la fois sur une hausse des effectifs (cf. point 4), une transformation des modes de management, la prévention des risques professionnels, la montée en compétences à travers une politique de formation ambitieuse, le développement de perspectives de carrière en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge et d’une meilleure structuration de la filière

    3.      Un soutien financier de 550 millions d’euros pour les services d’aide et d’accompagnement à domicile,afin d’améliorer le service rendu à la personne âgée et de revaloriser les salaires des professionnels

    4.      Une hausse de 25 % du taux d’encadrement en Ehpad d’ici 2024 par rapport à 2015,soit 80 000 postes supplémentaires auprès de la personne âgée, pour une dépense supplémentaire de 1,2 milliard d’euros

    5.      Un plan de rénovation de 3 milliards d’euros sur 10 ans pour les Ehpad et les résidences autonomie

    6.   Des financements pour permettre aux établissements et aux structures de financer leurs projets de transformation et d’amélioration de la qualité de l’accompagnement, en y consacrant 300 millions d’euros par an

    7.      Une baisse du reste à charge mensuel de 300 € en établissement pour les personnes modestes gagnant entre 1000 et 1600 € par mois

    8.      Une mobilisation nationale pour la prévention de la perte d’autonomie, avec la sensibilisation de l’ensemble des professionnels et la mise en place de rendez-vous de prévention pour les publics fragiles

    9.      L’indemnisation du congé de proche aidant et la négociation obligatoire dans les branches professionnelles pour mieux concilier sa vie professionnelle avec le rôle de proche aidant

    10.   La mobilisation renforcée du service civique et, demain, du service national universel, pour rompre l’isolement des personnes âgées et favoriser les liens intergénérationnels

Enfin 8 priorités se détachent pour transformer l’accompagnement de la personne âgée en perte d’autonomie :

Priorité 1 : investir dans l’attractivité des métiers du grand âge, à domicile comme en établissement

Priorité 2 : pouvoir choisir librement de rester à son domicile. Pour que cette liberté soit effective, un certain nombre d’obstacles au maintien à domicile doivent être levés.

Priorité 3 : piloter pour et par la qualité. La liberté de choix n’a de sens que si des prestations sont offertes à sa décision. L’amélioration de la qualité du service rendu à la personne âgée en tout point du territoire pour tout type de prise en charge est l’axe névralgique des réformes à venir.

Priorité 4 : mettre fin aux réponses en silos dans le parcours de la personne âgée pour simplifier la vie des aidants et des aidés La spécificité de la personne âgée réside dans la grande diversité de ses besoins, qui font appel à des interventions multiples qui doivent être coordonnées : soin, actes d’hygiène, accompagnement dans les actes de la vie quotidienne, lien social, besoin de prises en charge expertes à domicile, en établissement ou à l’hôpital…

Priorité 5 : une nouvelle offre pour concrétiser le libre choix de la personne. L’ensemble de l’offre doit évoluer vers une approche plus attentive aux besoins des personnes et sortir d’une approche binaire avec le cloisonnement entre Ehpad et domicile pour proposer une gamme de solutions intermédiaires, mieux articulées entre elles.

Priorité 6 : reste à charge en établissement : faire baisser la contribution des personnes modestes. Aujourd’hui, les restes à charge sont élevés en établissement. La participation financière des résidents, une fois versées les différentes allocations et les contributions des obligés alimentaires, est estimée à un peu moins de 1 850 euros par mois pour la moitié d’entre eux. Une action ciblée est proposée en direction des familles modestes.

Priorité 7 : lutter contre l’isolement de la personne âgée et des aidants. On ne peut concevoir une action forte en faveur des personnes âgées sans s’engager fermement auprès des proches aidants, dont le rôle est essentiel. L’intervention de la collectivité est nécessaire pour reconnaître et mieux soutenir les aidants. Parallèlement et pour favoriser la présence non-professionnelle auprès de la personne, le bénévolat et la présence de jeunes auprès des personnes âgées doivent être développés.

Priorité 8 : augmenter l’espérance de vie en bonne santé en renforçant la prévention. Aujourd’hui, en France et dans d’autres pays, les stratégies précoces de prévention ont des effets tout à fait positifs, qu’il s’agisse du maintien de l’autonomie physiologique ou cognitive. Il s’agit là d’un motif d’espoir, porteur d’une ambition nouvelle. Il est indispensable que notre pays investisse fortement ce champ et franchisse un cap nouveau pour une stratégie globale de prévention de la perte d’autonomie.