Le Monde du jeudi 1er mars a fait un court article intitulé « Syndicats, une féminisation lente » (Michel Noblecourt) en s’appuyant sur la parution d’un ouvrage de Cécile Guillaume en janvier dernier « Syndiquées, défendre les intérêts des femmes au travail » qui explore le sujet de la parole syndicale des femmes. Il relate une enquête menée en France et au Royaume Uni qui montre que la féminisation des syndicats a progressé, notamment sur la période 2013-2015 : la part des femmes était de 37,5 % à la CGT, 45 % à FO et 47 % à la CFDT. Cependant l’étude confirme que la précarité de l’emploi constitue l’un des principaux freins à la syndicalisation des femmes, comme pour les femmes, mais que pour elles, la marche est plus haute à monter. L’auteur a voulu retracer les parcours des militantes et témoigner des difficultés quotidiennes rencontrées par les femmes ayant osé pénétrer ces bastions masculins que sont les syndicats. Alors qu’elles ont massivement investi le marché du travail depuis les années 1970, leur représentation syndicale n’a commencé à devenir une réalité qu’à partir des années 2000.
Force Ouvrière dans son rapport 2018 traite également de la prise de responsabilité syndicale dans l’organisation par les femmes : « Ce sujet est beaucoup trop confondu avec l’égalité professionnelle et salariale. Quand le thème de l’égalité professionnelle et salariale obéit à des accords interprofessionnels, à des lois et règlements, la prise de responsabilités syndicales par les femmes reste éminemment politique et ne peut pas être régie par des lois règlements ou accord s interprofessionnels.
Il appartient à chaque organisation d’appréhender ce sujet et le moins que l’on puisse dire, c’est que FORCE OUVRIÈRE n’est pas « à la pointe » dans ce domaine. FORCE OUVRIÈRE a toujours revendiqué l’égalité et non la parité et c’est inscrit dans la tête des militants comme dans celle des militantes, par conséquent, il y a en interne un rejet des quotas. En matière d’adhésions, les femmes font aussi bien que les hommes et on les retrouve souvent secrétaires générales de syndicat voire trésorières d’unions départementales ou de FD mais peu franchissant l’échelon du département.
Ainsi la CGT-FORCE OUVRIÈRE compte 5 femmes au bureau confédéral sur 13 membres, 4 sur 35 à la CE confédérale, 2 pour 29 fédérations, 13 pour 104 unions départementales dont une en Outre-mer. Le peu de femmes dans les postes de responsabilités (UD/FD) entraîne forcément peu de candidates au bureau confédéral mais ce n’est que l’explication de plusieurs processus en amont qui ne se font pas. L’évolution des comportements n’est pas encore réalisée partout et cela demandera sans doute encore au moins une génération pour que ce sujet n’en soit plus un. L’accès au poste de responsabilités syndicales représente aujourd’hui plus une réussite « professionnelle » pour les hommes que pour les femmes, un aboutissement parallèle à une carrière qui ne s’est pas accomplie ou qui n’a pas pu se faire pour des raisons professionnelles, personnelles, familiales, intellectuelles ou autres. Au cours de plusieurs réunions consacrées à ce domaine, plusieurs camarades hommes ont laissé apparaître des comportements que l’on peut qualifier de « machos », sans même en être conscients. La réflexion devrait pouvoir mener autour du cumul des mandats exercés souvent par les hommes, sur les moyens données aux femmes pour participer aux instances syndicales (heures de réunions, accès aux crèches…) ».