La fongibilité a bon dos.
Ou plutôt la non-fongibilité des budgets, des enveloppes, des lignes budgétaires, bref du charabia comptable lorsqu’en réunion nationale avec l’employeur UCANSS nous évoquons des grands sujets qui touchent aux 140.000 salariés de la Sécurité sociale.
Surtout, derrière ces réponses comptables se cache, à peine voilée, la réelle volonté de l’employeur : minimiser son engagement au profit de ses salariés.
De quoi s’agit-il ?
Deux sujets en ce moment font l’objet de réunions paritaires nationales :
- Le différentiel, où il s’agit de revaloriser la retraite complémentaire des salariés de la Sécu. Dans cette négociation, l’employeur met une condition préalable à toute discussion : réduire son engagement financier en abaissant sa cotisation de plus de 10 millions d’euros !
- L’aide aux aidants: dans le cadre de la loi (qui date de 5 ans) sur le Degré Elevé de Solidarité, notre organisme de prévoyance la CAPSSA (géré paritairement c’est-à-dire par les salariés et l’employeur) doit mettre à disposition 2% minimum de cotisations pour organiser des actions et prestations de solidarités notamment sur les aidants familiaux. L’employeur non seulement ne souhaite pas aller au-delà de ces 2% mais empêche aussi de mobiliser toutes les possibilités financières pour créer de nouveaux droits pour les salariés.
On le voit bien, l’employeur ne veut pas aller au-delà du minimum que lui impose la loi, c’est le cas pour l’aide aux aidants, alors qu’il faut rappeler que notre institution CAPSSA est très bien gérée et largement excédentaire et que cet argent est celui des salariés.
Pire, il se désengage en voulant baisser son taux de cotisation à la retraite différentielle et ainsi économiser plus de dix millions sur le dos des retraités. Le tout en faisant du chantage puisque toute discussion sur une revalorisation de cette retraite doit avoir comme préalable cette économie de l’employeur. Un véritable marché de dupes quand on entend parler l’employeur de « gagnant-gagnant ».
Il existe des solutions pour que l’argent des salariés soit bien utilisé en faisant des ponts entre notre complémentaire santé, notre prévoyance CAPSSA et la retraite. Mais l’UCANSS se cache derrière l’argument de la non-fongibilité pour éviter de mobiliser ces fonds pourtant disponibles.
L’employeur s’apprête-t-il à faire un véritable hold-up sur l’argent des salariés ?
A-t-il l’intention de vampiriser le personnel ?
Le SNFOCOS ne peut rester sans réagir, ce n’est pas notre conception du syndicalisme et de la défense des intérêts des salariés, c’est pourquoi nous nous opposons à cette politique et nous vous en informons.
Eric Gautron, Secrétaire National en charge de l’Encadrement et de la Syndicalisation