Les paroles

C’est la période des vœux et nos dirigeants nationaux vont une fois de plus remercier les salariés de la Sécurité sociale pour leur mobilisation et leur bel engagement solidaire en période de crise sanitaire.

Nous pouvons parier sur un énième discours du type « vous êtes les salariés de la deuxième ligne, dont le dévouement au bien public et l’abnégation pour traiter les surcharges de travail et les urgences au bénéfice de nos concitoyens en souffrance se doivent d’être salués chaleureusement : la nation reconnaissante vous remercie ! ».

Les actes

Vous venez de recevoir votre bulletin de salaire de décembre :

  • prenez la petite ligne à la fin « cumul annuel net imposable »
  • multipliez par le taux d’inflation 2021 qu’on peut estimer à 3% (l’Insee la chiffre à 2,8% fin novembre)
  • vous aurez le total de la perte de votre pouvoir d’achat en 2021

Ce montant vous parle t il ?

Et si vous faisiez le même calcul pour voir combien vous avez perdu de pouvoir d’achat en 10 ans ?

Une estimation simple :

  • prenez le même montant de cumul annuel net imposable de 2021
  • multipliez par 11% : c’est la différence entre l’inflation Insee sur 10 ans de 11,52% moins les 0,5% d’augmentation de la valeur du point en 2017
  • vous aurez le total de la perte de votre pouvoir d’achat sur 10 ans offerte par votre employeur sous l’impulsion des gouvernements successifs.

Évidemment, vous avez sans doute reçu quelques points d’expérience et de compétence pendant la période. Si vous pensez réellement que cela compense votre perte de pouvoir d’achat : faites votre calcul : vous aurez une mauvaise surprise.

Mais surtout ces points sont là pour rétribuer votre expérience ou vos compétences, pas pour compenser l’inflation, sauf à dénier toute valeur aux conventions collectives.

L’écart entre les paroles et les actes sont-ils clairs pour vous ? Il ne s’agit pas d’un hasard occasionnel, d’un oubli, non il s’agit d’une politique salariale assumée de mise sous tension des organismes de sécurité sociale et de leurs effectifs.

Du contrat de confiance, au contrat de méfiance, au contrat de défiance ?

Le contrat de travail est un échange de travail contre un salaire, et bon an mal an les salariés des organismes privés de sécurité sociale fonctionnaient auparavant dans un contrat de confiance où l’employeur garantissait des points d’expérience, des points de compétences et la revalorisation du point d’indice face à l’augmentation des prix.

En 2019, notre employeur n’a pas cru bon devoir signer un accord de reclassification gagnant-gagnant par une bonne négociation avec les syndicats. Il n’avait pas suffisamment de « grain à moudre » donné par le gouvernement.

Il n’a pas non plus donné le bénéfice de la 2eme prime Covid début 2021 aux salariés de la sécu.

Et en décembre 2021, il a annoncé royalement que la RMPP (marge d’augmentation des points d’expérience de compétence et de promotion) passerait royalement de 1,5% en 2021 à 1,88% en 2022 : bravo, cela permettra tout juste d’augmenter les collègues qui sont sous le Smic qui va être revalorisé et de …respecter la loi.

Heureusement que deux tiers des salariés de la sécu vont bénéficier de la prime d’inflation de 100 euros nets. Mais pas les cadres qui sont au-dessus de 2000 euros nets, et pour ceux qui en bénéficient reprenez vos calculs pour identifier combien vous avez perdu avec 3% d’inflation.

On s’étonne que la Sécu peine à recruter des compétences et que l’on voit de plus en plus des agents et cadres partir dans d’autres secteurs, mieux rémunérés et moins sous tension du fait des baisses d’effectifs et des changements incessants sur instructions bâclées et avec un outil de travail ou « système d’information » qui déraille. Ils ont choisi la défiance envers cet employeur qui les malmène.

Nous sommes à l’évidence passés du contrat de confiance au contrat de méfiance et ces actes traduisent du mépris pour les salariés de nos organismes sociaux.

Donc voici nos vœux pour 2022 :

Espérons qu’en 2022 les hauts fonctionnaires dirigeants parisiens viennent à considérer un peu mieux les employés et cadres de banlieue et de province dont ils ont la responsabilité, ainsi que leurs représentants syndicaux.

Espérons qu’en 2022, des dirigeants raisonnables prendront leurs responsabilités et le chemin de la négociation avec les défenseurs des salariés pour écouter le terrain, redonner du sens et rémunérer dignement le travail que nous réalisons…

Espérons qu’en 2022 nous éviterons le contrat de défiance et reviendrons au contrat de confiance.