Chères et chers camarades,
Avec la crise sanitaire et la décision de confiner la population, le télétravail s’est mis en place de façon massive et dans l’urgence. Dès la fin du mois de mars, FO évoquait la nécessité d’ouvrir des négociations pour un accord national interprofessionnel sur le sujet. La confédération en a fait la demande officielle au MEDEF qui a proposé à l’ensemble des organisations syndicales et patronales de se rencontrer afin de faire un diagnostic portant sur l’analyse des difficultés et des opportunités rencontrées par les salariés et les entreprises durant cette période inédite. La première réunion du 5 juin a permis de définir une méthode et les grands axes de travail. Celle du 19 juin s’est concentrée sur le partage d’études et enquêtes menées dans la période récente.
Le télétravail, en fait l’envoi des salariés au travail à domicile dans la très grande majorité des cas, (cinq millions de salariés) avait pour objectif de permettre la continuité du travail en sécurité, et ainsi pour les entreprises de maintenir une activité économique malgré le confinement. FO a souligné que cette situation, précipitée et imposée, a aussi mis en évidence de réelles difficultés. Pour l’analyse des retours d’expériences durant le confinement, la confédération s’est appuyée sur les premiers questionnaire reçus (cf. circulaire 140-2020 « Télétravail et Covid-19 : quel bilan pour quel avenir ? ») dont vous trouverez la synthèse en annexe.
Tout d’abord, on retrouve les difficultés déjà connues avec le télétravail « classique » mais qui se sont aggravées avec le confinement : hyperconnexion, dépassement des temps de travail, injonctions contradictoires… En parallèle, la situation d’un télétravail permanent en vase clos a également créé de nouveaux problèmes (non-maitrise des outils numériques, fatigue, problèmes de concentration, risques psycho-sociaux liés à l’isolement, perte de lien social, interférences entre vie privée et vie professionnelle, cumul des tâches pour un tiers des télétravailleurs qui gardaient leurs enfants tout en travaillant…).
Selon l’étude Kantar sur la perception du climat au travail, 52% des entreprises ne pratiquaient pas le télétravail avant la crise. Dans le même temps, selon l’ANACT, 88% des salariés qui ont télétravaillé pendant le confinement souhaitent continuer à le pratiquer sur une partie de leur temps de travail car ils en perçoivent des avantages : réduction des temps de trajets, conciliation vie privée/vie pro, autonomie…
Il y a désormais de fortes chances ou risques selon les cas, que le télétravail soit appelé à se développer. Il touche désormais de nouveaux métiers, de nouveaux profils de salariés, ce qui entrainera inévitablement des modifications importantes de l’organisation du travail dans sa globalité.
Selon l’ANACT, les personnes qui pratiquaient le télétravail avant la crise sont plus nombreuses à bénéficier d’un environnement matériel et d’un équipement adapté. Par ailleurs, les retours reçus suite au questionnaire de la confédération montrent que la mise en œuvre de ce télétravail contraint s’est mieux passée dans les entreprises qui pratiquaient déjà le télétravail encadré par un accord d’entreprise.
C’est pourquoi, un diagnostic est nécessaire, mais il est surtout indispensable de garantir un cadre protecteur pour tous les salariés concernés tant pour le télétravail ordinaire que pour sa pratique liée à des circonstances exceptionnelles. Celle-ci n’est actuellement encadrée ni par l’ANI 2005 ni par le code du travail (qui se limite à mentionner la possibilité d’y recourir).
Pour FO, encadrer et normer les conditions du télétravail, est indispensable pour éviter toutes dérives néfastes aux salariés et pouvant conduire à mettre en cause la relation de travail (évolution vers une prestation de services – ou forme d’ubérisation, de travail à la tâche, délocalisation de l’emploi, isolement des salariés des syndicats).
Après la phase de diagnostic qui se terminera le 2 juillet par les auditions de l’ANACT, l’INRS, la DARES et Futuribles, les Organisations Patronales souhaitent consacrer les 2 et 11 septembre à la rédaction d’un « document de synthèse pour mettre à disposition des points de repères pour les entreprises afin de permettre des négociations au plus près du terrain ».
FO a rappelé sa demande d’ouverture de négociations d’un nouvel accord national interprofessionnel afin d’encadrer le télétravail pour tous et en toutes circonstances.
Il faut selon nous travailler notamment sur les axes suivants :
- La mise en œuvre : métiers compatibles, fourniture de matériels, connexions techniques, modalités de télétravail, prise en charge des frais ;
- Les conditions et l’organisation du travail : charge et temps de travail, horaires, joignabilité ;
- L’articulation vie privée/vie professionnelle, le droit effectif à la déconnexion, l’adaptation de la charge de travail en période exceptionnelle ;
- Le management : autonomie/confiance, collectif de travail, contrôle de l’activité, formation ;
- La santé : risques psycho-sociaux, Troubles musculosquelettiques ;
- Le droit syndical et son exercice effectif ainsi que le lien avec les Instances Représentatives du Personnel
Un groupe de travail avec les fédérations volontaires va mener des réflexions pour construire notre cahier revendicatif.
Afin d’appuyer et d’anticiper sur les situations d’ores et déjà réelles en entreprises, la confédération finalise un outil pour armer nos militants dans leurs négociations sur le télétravail. Il rassemblera les grands thèmes pouvant être abordés ainsi que des pistes de revendications et sortira courant juillet.
Amitiés syndicalistes.
Béatrice CLICQ Secrétaire confédérale
Yves VEYRIER Secrétaire général