Fongibilité… tu m’en diras tant…
Lorsque votre employeur met des mots inusités, voire savants sur le tapis, c’est que c’est le moment de se méfier. Et de recourir à son dictionnaire.
« la fongibilité signifie que les unités individuelles d’un actif sont interchangeables et essentiellement indiscernables les unes des autres » : en gros, vu que c’est globalement la même chose on peut les mélanger, les fondre.
Et oui, tous les grands discours sur « qu’est-ce que le coefficient de base d’un niveau », « qu’est-ce qu’un point de compétence », « qu’est-ce qu’un point d’expérience », entendus depuis vingt ans pour en arriver là : « Si ça nous arrange, on dira que tout se vaut et qu’on peut tout mélanger ».
En résumé, vous pensiez que vos points de compétence avaient été durement acquis, envers et contre une RMPP famélique, par votre investissement personnel, vos performances, vos réalisations évaluées chaque année en EAEA ?
Oui, bon, d’accord. Mais comment augmenter les coefficients de base de chaque niveau sans que ça ne coûte trop cher ?
En décrétant la fongibilité des points de compétence.
Vous ne voyez pas où ils veulent en venir ?
Eh bien, l’Ucanss fait ici référence à la funeste classification de 2004, signée à l’époque par un syndicat orange.
Déjà à cette époque la fongibilité avait montré le bout de son museau :
« En cas d’accès à un niveau de qualification supérieure, les points de compétence acquis dans l’emploi précédent sont supprimés. (…) En tout état de cause, dès la prise de fonctions l’agent est classé au coefficient de qualification de son nouveau niveau de qualification, et bénéficie d’une rémunération supérieure d’au moins 5% à celle servie dans son emploi avant la promotion, y compris les points d’expérience et de compétence ».
En une phrase, il était inscrit qu’il fallait changer d’emploi pour changer de niveau de classification, et que les points de compétence étaient dans ce cas… fongibles. Admirez la manœuvre rédactionnelle…
Retournons l’argumentaire : les points de compétence ne sont, dans le texte, fongibles qu’en cas d’accès à un niveau de classification supérieur. Si les collègues ne changent pas de niveau…pas de fongibilité !
Ou alors faisant preuve d’esprit de compromis, nous sommes prêts à envisager cette fongibilité sans changement de niveau, mais en bénéficiant « d’une rémunération supérieure d’au moins 5% à celle servie dans son emploi » avant changement de classification.
Plus clairement encore : Le SNFOCOS demande une classification qui profite à tous.
Une nouvelle classification doit apporter un gain financier immédiat au personnel !