Une des vocations des URSSAF est de protéger les droits des salariés face à des employeurs parfois peu scrupuleux.
Nous serions tentés de penser que ces organismes de Sécurité sociale se doivent d’être des modèles en matière de protection et de respect des droits de leur propres salariés.
Malheureusement, ces dernières années, beaucoup de salariés ont connu un sentiment de peur en voyant le sort réservé à certains de leurs collègues.
Nous pouvons les comprendre : comment ne pas ressentir la fragilité de son emploi lorsque l’on observe des vagues de « convocations », en application de « procédures », et des licenciements menées quasiment manu militari, au mépris des risques psycho-sociaux et routiers dont la prévention est pourtant largement affichée.
Rappelons que l’employeur est responsable de la santé de ses salariés.
On associe, souvent à tort, le personnel de l’URSSAF à des fonctionnaires protégés : ils sont, en fait, salariés d’une entreprise privée délégataire d’une mission de service public, de plus en plus maltraités par leurs employeurs.
Par exemple : le personnel de notre URSSAF, l’URSSAF BRETAGNE pour ne pas la citer, a été choqué en apprenant en cinq ans les licenciements successifs d’une assistante de Direction, d’une attachée de Direction, d’un inspecteur du Recouvrement et d’un chargé de mission.
Précisons que dans toutes ces procédures, les lettres de licenciements n’ont pas été précédées d’avertissement, de blâme ou autre sanction, encore moins de discussions avec la hiérarchie.
En fait, au lieu d’être traités en amont, les problèmes à l’origine des sanctions ont été passés sous silence.
Ils ont ensuite immanquablement pris de l’ampleur, donnant lieu à des décisions radicales de licenciements prises par la direction.
Imaginez le trouble des collègues de personnes licenciées : on les croise le lundi et le mardi on apprend qu’elles sont licenciées !
Sans se prononcer sur le fond des affaires, nous dénonçons la forme de ces procédures et l’impact violent qu’ont celles-ci sur l’ensemble du personnel.
A l’heure du « team building », des « autorévélations de talents personnels » ou autres « pépites » proposés par la branche et la direction, ajoutons à ce sombre tableau – c’est tout récent — la deuxième vague de convocations devant les directions des URSSAF pour « consultations suspectes » de fichiers professionnels, dans le cadre d’opérations de contrôles commanditées par l’ACOSS et relayées avec zèle au niveau local.
Ces convocations adressées par mails ou par courriers recommandés au domicile des salariés ont entrainé un stress généralisé et une ambiance anxiogène au sein des organismes à la veille des fêtes de fin d’année.
Le lien de confiance est rompu.
C’est dans un tel état de stress que certains ont dû parcourir, parfois des centaines de kilomètres en voiture dans la journée, pour honorer leur convocation.
Sans non plus nous prononcer sur le fond de ces affaires, encore une fois, c’est la forme qui est choquante.
Il convient tout de même de rappeler le contexte : la charte de déontologie énonce que les informations issues des outils professionnels reçues et stockées ne peuvent être utilisées que dans l’exercice des missions et qu’un usage de ces informations, sans lien avec les activités professionnelles, à des fins personnelles, est prohibé car contraire aux obligations en matière de secret professionnel.
Il nous paraîtrait donc normal que l’employeur s’assure qu’il y ait eu stockage et usage des informations consultées, avant de lancer toute convocation.
À l’heure où les bulletins de salaires sont accompagnés de « flyers » sur les cellules d’écoute pour les salariés en souffrance au travail, il serait temps de prendre des mesures concrètes pour éviter de telles souffrances.
Nous demandons aux directions des URSSAF de prendre toute la mesure des souffrances de leur personnel et d’en tirer, pour l’avenir, les conclusions qui s’imposent.
Article rédigé par des adhérents SNFOCOS de l’URSSAF.