Le souci de développer l’organisation n’est pas nouveau. On pourrait même dire qu’il est né avec la CGT-FO en 1948. Mais la tenue d’Assises FO sur le développement le 17 janvier au siège de la Confédération à Paris n’en constitue pas moins une première. Pas moins de 276 militants, responsables d’unions départementales, de fédérations et de syndicats, y ont participé. Objectif : réfléchir aux meilleurs moyens de se développer toujours plus dans un contexte marqué par l’évolution des techniques de l’information et de la communication, l’application de la loi de 2008 sur la représentativité, les élections dans la Fonction Publique dans moins d’un an, sans oublier la fusion des institutions représentatives du personnel en application des ordonnances.
Signe des temps, le secteur développement sous la responsabilité du secrétaire confédéral Frédéric Souillot a mobilisé les moyens nécessaires pour que les tables rondes qui ont animé la matinée des Assises FO soient diffusées en direct sur Facebook.
La « notoriété » est en effet un enjeu de son développement que la Confédération FO a rajouté dans sa liste, avec le nombre d’adhérents, le nombre d’implantations et les résultats électoraux, a expliqué Yves Veyrier, secrétaire confédéral en charge de la communication, en ouvrant les assises, en en soulignant l’importance. Souvent nous savons faire mais nous ne savons pas le faire savoir, a-t-il résumé, ouvrant la discussion par cette question : FO est-elle suffisamment connue, par les salariés mais aussi par ses interlocuteurs publics ?
Multiplier les implantations : la clé …
Le décor a également été planté par le rappel des résultats sur la représentativité des organisations syndicales dans le secteur privé pour les cycles 2009-2012 et 2013-2016, desquels il ressort que FO a maintenu sa troisième place.
La nécessité d’augmenter le nombre des implantations a donc tout naturellement été un thème clé de ces assises, la première table ronde de la journée s’intitulant d’ailleurs De l’implantation à l’élection.
… Une clé à trouver au croisement de toutes les structures
Le fait que la fédération de la Métallurgie a décidé dès 1998 de développer ses Unions syndicales départementales (USM) et de revoir son système de formation syndicale, nous rappelle que le contexte a commencé à changer à l’aube des années 2000 a expliqué Jean-Yves Sabot secrétaire fédéral.
Aujourd’hui, la fédération a adopté à l’unanimité un nouveau plan de développement, son troisième en perspective du troisième cycle de la réprésentativité, a-t-il indiqué, soulignant : la problématique du développement est désormais solidement ancrée, la politique de développement est devenue la colonne vertébrale de toute l’action de la fédération.
Fort de l’expérience d’un essaimage de sections FO dans plusieurs entreprises satellitaires de Air France sur la zone aéroportuaire de Lyon-Saint Exupéry, Pascal Lagrue, secrétaire général de l’Union Départementale FO du Rhône a insisté sur l’importance d’un travail commun et d’une mutualisation des connaissances, des contacts et des moyens, entre les différentes structures de FO pour construire de nouvelles implantations : Nous n’y serions pas arrivés sans établir un lien autour de cet enjeu de la zone aéroportuaire entre l’union départementale et la fédération. Il faut créer un effet boule-de neige et cela ne peut se faire qu’en tirant le fil du croisement entre tous les secteurs.
« L’Union départementale, c’est la maison »
Pour mieux souligner la nécessité d’un travail en synergie, les deux tables-rondes de la journée ont été animées à la fois par des secrétaires d’unions départementales et de fédérations.
Cela a permis qu’un responsable de fédération, Sébastien Busiris (Employés et cadres) explique, à l’occasion de la deuxième table ronde Elus, mandats, équipes syndicales et en réponse à une question de la salle que l’Union départementale est la maison, le point d’attache, d’ancrage, de rencontre, des militants. C’est un rôle d’autant plus important qu’aujourd’hui les militants sont souvent trop absorbés par ce qui se passe dans leurs entreprises.
Ne pas voir l’élection comme une fin en soi
Autre nécessité mise en avant par plusieurs intervenants, à la tribune et dans la salle : ne pas faire de l’élection une fin en soi. Nous devons concevoir l’élection comme un outil, un point de départ. On ne cherche pas à se développer pour se développer, il faut se demander pourquoi nous voulons nous développer : pour faire vivre notre syndicalisme, a notamment déclaré Sylvie Szeferowicz, déléguée syndicale centrale de Pôle emploi et secrétaire générale de l’Union départementale de la Marne, à la tribune de la première table ronde De l’implantation à l’élection.
Chercher à s’implanter en priorité, se développer au-delà des élections… Autant d’idées forces également mises en avant par Pascal Pavageau, venu présenter l’enjeu des élections dans la Fonction Publique qui auront lieu le 6 décembre 2018 : Notre réflexion doit toujours repartir de la question de l’implantation. C’est la première des choses à développer, en particulier dans la Fonction publique territoriale. Il arrive toujours un moment où, on a beau faire toutes les actions de communication nationales possibles, même les meilleures, si on n’a personne, en l’occurrence dans une collectivité locale, on n’a pas de liste. La question ne se limite donc pas à la journée du 6 décembre : il nous faut nous développer là où nous sommes implantés et nous implanter là où nous ne sommes pas.
A la tribune et dans la salle : échange d’expériences
Lancement de réunions Une heure pour te convaincre par FO Com en Dordogne, déjà premier syndicats à La Poste dans le département, mise en place d’une formation spécifique Accueil des nouveaux adhérents dans la Marne, lancement d’une plateforme informatique dédiée aux cadres par FO-Cadres … La journée aura aussi été l’occasion pour les militants, à la tribune mais aussi dans la salle, d’échanger des idées, de témoigner d’expériences d’ores et déjà en cours ou sur le point de l’être, et d’en discuter.
Jean-Pierre Glacet, secrétaire général de l’Union départementale des Ardennes a ainsi fait part de la signature d’une convention avec un cabinet d’avocats qui vient assurer des permanences juridiques dans les locaux de l’Union Départementale.
Cette expérience qui a débouché sur 90 nouvelles adhésions en moins d’un an dans les Ardennes, a également été faite dans la Nièvre (avec des permanences en dehors de l’Union départementale).
De Force Ouvrière à FOryou ?
Autre expérience, celle de la Fédération de la Métallurgie qui a ouvert une antenne dédiée aux cadres dans le quartier de La Défense à Paris, où se concentre une très forte proportion de cette catégorie de salariés de la région parisienne. Laurent Smolnik, de chez Renault et secrétaire fédéral, a répondu à une question récurrente parmi les militants FO comment s’adresser aux cadres ? en expliquant que la fédération a jugé préférable de mettre en avant le logo FOryou (pour toi en anglais) plutôt que le sigle Force Ouvrière pour signaler l’espace ouvert pour les cadres par la fédération dans un lieu de co-working.
Focus sur les cadres et ingénieurs, des salariés attachés à leur statut
Eric Pérès, secrétaire général de FO-Cadres, rappelant que les cadres et les ingénieurs s’ils ne sont pas des ouvriers, sont des travailleurs avec un statut particulier, a présenté les premiers résultats d’une consultation publique réalisée par FO auprès de 3400 d’entre eux entre le 15 décembre 2017 et le 15 janvier 2018. Il en ressort que les deux-tiers des cadres et ingénieurs sont attachés à leur statut.
Si on veut toucher les cadres, il faut leur donner la parole et s’adresser à eux en utilisant les outils numériques d’aujourd’hui, les réseaux sociaux, a également souligné Eric Pérès, d’autant que ces outils forment leur environnement quotidien.
C’est dans ce but que l’Union des Cadres et ingénieurs FO a décidé le lancement d’une nouvelle plateforme informatique dédiée aux cadres et ingénieurs qui sera opérationnelle d’ici un mois et demi, a informé le responsable syndical.
Anticiper les Comités sociaux et économiques dans les entreprises
La question des conséquences des ordonnances sur les institutions représentatives des salariés ne pouvait que se poser, puisque le Comité Social et Economique remplace désormais les délégués du personnel, les représentants au comité d’entreprise et au CHSCT ainsi que la délégation unique du personnel. Il va falloir anticiper cette fusion des instances a déclaré Frédéric Souillot, rappelant qu’elles avaient été mises en place par les lois Auroux dont nous avons demandé l’abrogation pendant 25 ans.
La priorité, a-t-il insisté, est de se développer là où nous ne sommes pas, avant de présenter le nouvel outil conçu par la Confédération pour aider les militants : un Kit Négociation des protocoles d’accords préélectoraux.
Les outils de la Confédération
Ce Kit dont des premiers exemplaires ont d’ores et déjà été distribués à l’assistance, sera prochainement complété par un support pédagogique de formation Stratégie électorale et d’un nouveau Kit Dépouillement élections CSE et Contentieux électoral.
Parmi les outils que la confédération met à disposition de ses militants, figure aussi la formation syndicale, à laquelle plusieurs intervenants aux assises ont exprimé leur attachement, y compris pour les nouveaux adhérents.
Pour se développer, il faut aussi connaître ses adhérents, a rappelé Pierre Courrège-Clercq, secrétaire général de l’Union départementale de la Dordogne et l’un des membres du Comité de pilotage sur le développement syndical mis en place à l’issue du dernier congrès confédéral de Tours.
Il a ainsi informé du lancement en décembre dernier d’une enquête Adhérents FO : mes attentes.
« Il y aura toujours besoin d’un syndicat indépendant »
La question du développement a pris une importance accrue lors des deux derniers congrès de la Confédération FO, a rappelé le secrétaire général Jean-Claude Mailly qui a clôturé les assises en déclarant notamment : l’adhésion dépend avant tout du comportement du responsable syndical dans l’entreprise […] Il y aura toujours besoin d’un syndicat indépendant […] Il n’y a aucune raison que nous ne progressions pas encore, en restant sur un axe FO-FO, avec un travail coordonné et la mutualisation de nos moyens. Ce qui est indispensable, c’est que le développement devienne la priorité de tous, un réflexe.