Si je devais résumer les deux raisons principales qui m’ont amenée à adhérer à notre syndicat, outre le partage de valeurs identiques, c’est aussi la déshumanisation totale et la perte de sens du métier que j’exerce : inspecteur du recouvrement.
L’intérêt de ce métier résidait dans une liberté d’appréciation et de choix en fonction de contextes particuliers qu’il fallait appréhender au cas par cas.
Se sentir utile en conseillant les cotisants ; car si le but de ce métier était de contrôler un système déclaratif, il était aussi et surtout de faire en sorte que ces situations de fraude, d’erreur, de méconnaissance ou d’incompréhension de la législation ne perdurent pas.
Car oui, quand on prête serment en tant qu’inspecteur, il est demandé d’assurer une mission de contrôle mais aussi de conseil.
À l’heure actuelle, la mission de conseil n’est plus à l’ordre du jour ; il faut aller vite, atteindre des objectifs de fréquence redressements fixés alors même qu’on ne sait pas quelles situations vont se présenter en contrôle, et appliquer la législation conformément aux préconisations hiérarchiques.
Dans un souci de traitement équitable des cotisants pourrait-on se dire…mais la réalité est autre.
Quand on reçoit la consigne de ne pas opérer un redressement à plusieurs milliers d’euros qui pourrait contrarier un grand nom du patronat mais que parallèlement on vous reproche de faire une observation à une petite PME de trois salariés suite à une erreur d’interprétation de la législation par son comptable ; comment avoir le sentiment d’être là pour conseiller et d’exercer ses fonctions en respectant une égalité de traitement entre les cotisants ?
Aujourd’hui, je ne compte plus le nombre de procédures, de consignes, d’éléments de langages, d’outils aux phrases automatiques, qui me donne l’impression d’effectuer mécaniquement mon activité selon un modèle standard ; au point parfois de me dire qu’une machine pourrait accomplir le même travail.
Quant à la reconnaissance, elle est identique à celle que l’on a pour une caisse automatique lorsqu’elle vous délivre votre ticket ; après tout, pourquoi dire « merci » ou « c’est bien » à une machine dont c’est le travail…
C’est pour retrouver l’utilité de mon humanité que j’ai décidé d’adhérer.
Être une personne qui peut apporter sa petite pierre à l’édifice par les qualités propres à chaque être humain.
Être utile aux autres en s’épanouissant soi-même.
Une adhérente.